Si les inondations de la Vilaine ont fortement marqué les esprits, peu ont, semble-t-il, remarqué que la pluviométrie est en berne depuis septembre... Et que les débits en ce début avril ne sont guère folichons. Rien ne sera joué avant la mi-mai, mais l'hypothèse d'un étiage précoce est là, crédible.

1- Une saison automne-hiver finalement assez peu pluvieuse

Les pluies de janvier, et les crues du bassin de la Vilaine ont donné l'impression aux Bretons d'une météo maussade et bien arrosée. La réalité est nettement plus nuancée. Déficit de 20 % dans le Morbihan, de 14 à 16 % dans les Côtes d'Armor et le Finistère, pluviométrie conforme à la moyenne en Ille-et-Vilaine. Il n'a guère plu en mars.

Source: infoclimat

Ajoutons des vents soutenus qui renforcent l'évaporation des plantes. Les prévisions météorologique à un mois annoncent une première quinzaine d'avril plutôt sèche, mais n'écartent pas une seconde avec un train de perturbations pluvieuses.

2- Des rivières en petite forme

Si la situation est proche de la médiane des données historiques à l'est d'une ligne Saint Brieuc/Quiberon, les débits des rivières plus à l'ouest sont proches d'une situation triennale à quinquennale sèche et les débits décroissent rapidement. Nous sommes encore loin des situations permettant de procéder à des prévisions de tarissement.

Mais à titre d'illustration, nous sommes dans la gamme de débits (+/- 10 %) de début avril 2011 et 2022 sur l'Aber Wrac'h, de 1976 sur l'Odet... Un suivi attentif s'impose.

3- et les nappes alors ?

Après une recharge marquée partout mais surtout en Ille-et-Vilaine (2ème plus haute à Boisgervilly), les niveaux ont très sensiblement baissé dans l'ouest, que ce soit dans le Morbihan (Hennebont, 2025 très bas, en rouge sur le graphique (source BRGM, traitement ERB) qui ne comprend que quelques années contrastées), dans le Finistère (niveau proche du décennal sec) ou les Côtes d'Armor (quinquennal sec), en lien avec la pluviométrie faible des deux derniers mois qui a provoqué une baisse des nappes précoce.

Il est difficile à cette date d'affirmer ce que sera l'été. Le mois de mai est habituellement pluvieux. Mais il faut être conscient que la végétation a repris et entamé la réserve d'eau des sols. La possibilité d'une recharge des nappes s'éloigne peu à peu.

Sans vouloir être alarmistes, nous souhaitons sensibiliser à la fragilité de la ressource en eau en Bretagne, et indiquer que la modification en cours de la disponibilité de l'eau avec des crues plus intenses et des périodes de faibles débits de plus en plus longues (de 15 à 30 jours selon les rivières) doit conduire à une anticipation plus importante que ce qui a été fait à ce jour.