Agrival, un projet industriel délirant [02/06/15]

24 février 2017
 Agrival, un projet industriel délirant [02/06/15]

Comment tuer les jeunes soles en ramassant les algues vertes ?


La presse régionale à évoqué ces derniers jours les projets de la société AGRIVAL de procéder à de nouvelles campagnes de récoltes d'algues vertes sur plusieurs baies de notre région. Elle espère «  obtenir le feu vert des autorités préfectorales » (Le Télégramme du 2 juin) et récolter à terme « entre 37 000 et 57 000 m3 d'algues » (Ouest-France du 30 mai). Un projet stupéfiant, absurde, et incohérent.

Stupéfiant, car ce projet n'a fait l'objet d'aucune concertation avec les comités de pilotage algues vertes ! Ni Les comités locaux de la baie de Lannion ou de St Brieuc, ni le comité régional chargé de suivre la mise en œuvre du plan régional de lutte contre les algues vertes n'ont été informés des demandes de la société Agrival ni consultés ! Ces comités seraient-ils devenus purement formels, puisque les sujets importants n'y son pas abordés ?

Absurde, car antiéconomique ! Le ramassage des algues vertes entre 20 et 80 cm de profondeur d'eau provoque la mortalité des juvéniles de poissons marins (notamment les soles), et celle des coquillages enfouis dans le sable, comme l'on démontré les études faites en baie de Douarnenez par le Parc Naturel Marin d'Iroise. Ramasser les ulves dans l'eau, c'est inévitablement porter préjudice à la pêche côtière et donc à l'économie locale, et à l'environnement. Après l'autorisation ministérielle d'exploitation du maerl en baie de Lannion, ce projet destiné à satisfaire les seuls intérêts financiers d'un groupe agro-alimentaire, est un nouveau coup dur pour l'économie littorale. Sur quelles études environnementales s'appuie ce projet ? Quelles expertises scientifiques ont été menées ? Autant de questions à ce jour sans réponse !

Incohérent : il n'échappe à personne que cette exploitation industrielle va inévitablement rendre inaudible voire caduque la lutte contre la prolifération des algues vertes. D'ailleurs ce sont les mêmes organisations économiques agricoles qui contestent la lutte contre les marées vertes et veulent exploiter les ulves ! Qu'importent les risques pour la santé publique, les inconvénients pour l'environnement, les dommages pour l'économie touristique et maritime de notre littoral !

Comment l'Etat peut-il dépenser 130 millions de nos impôts dans le plan de lutte contre les algues vertes, et donner son feu vert à une filière industrielle subventionnée par la Banque Publique d'Investissement qui espère récolter entre 35000 et 57000 tonnes d'algues vertes ? Comment l'Etat peut-il s'engager à atteindre le bon état écologique des eaux en application de la directive européenne cadre sur l'eau, et envoyer un signal aussi négatif de sa volonté d'éradiquer les marées vertes ?

Eau & Rivières de Bretagne ne saurait accepter ni cautionner cette exploitation industrielle des algues vertes contraire à l'intérêt régional. L'association a écrit au président du conseil régional et au préfet de région  pour inscrire  ce sujet à l'ordre du jour de la réunion du comité de suivi du plan algues vertes prévue le 26 juin prochain. Eau & Rivières demande évidemment qu'aucune autorisation ne soit accordée avant ce débat.

Lire l'article paru en juillet 2014 dans le n° 168 d'Eau et Rivières  

 

 

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