Alerte à l'H2S | Pour une transparence et une généralisation des analyses de la qualité de l'air
En baie de Saint-Brieuc, l’ARS demande aux médecins d’être vigilants sur les risques liés à l’hydrogène sulfuré. La population sera à nouveau alertée. Une bonne nouvelle pour la prévention qui doit s’étendre à toutes les plages et vasières touchées. Et les résultats doivent être rendus publics, en temps réel.
L’Agence régionale de santé a transmis un courrier aux médecins généralistes de Saint-Brieuc & son agglomération. L’ARS leur demande d’être vigilants sur les symptômes qui pourraient être reliés à l’inhalation d’hydrogène sulfuré (H2S), le gaz relâché par les algues vertes en putréfaction.
Fin juin, des analyses ont montré que le taux d’H2S dépassaient les normes de l’Organisation mondiale de la santé (pas plus de 150 μg/m3 sur 24h), plage de l’Hôtellerie à Hillion. Ces analyses de l’air, menées par Air Breizh, sont effectuées sur quatre sites peuplés où le ramassage des algues est difficile.
Les sites de mesure de la qualité de l'air en baie de Saint-Brieuc (Air Breizh).
« Il convient de rechercher une situation d’exposition à de l’hydrogène sulfuré »
L’ARS prévient les médecins : « La population de ce secteur va recevoir un rappel des mesures de prévention à adopter. Parmi celles-ci, nous avons préconisé de consulter un médecin en cas de symptômes, en précisant si le patient pense avoir été ou être exposé à ce gaz (habitations à proximité immédiate du secteur de l’Hôtellerie). En cas de consultation d’un patient en vacances ou d’un habitant à Hillion pour des symptômes irritatifs oculaires ou respiratoires, des céphalées, nausées, malaises, perte de connaissance, troubles digestifs ou en cas d’œdème pulmonaire, de troubles du rythme cardiaque ou signes d’infarctus, il convient de rechercher une situation d’exposition à de l’hydrogène sulfuré. »
Les représentants de l’Agence se veulent toutefois rassurants : ces analyses sont faites dans le cadre d’une étude et les taux ne sont pas trop inquiétants. « Même si les niveaux de concentration en hydrogène sulfuré mesuré sur le point de l'Hôtellerie restent très en deça des seuils de toxicité, il nous a semblé intéressant de demander aux médecins de nous faire remonter tout cas qui pourrait évoquer une exposition à ce gaz. »
Les résultats doivent être rendus publics, en temps réel
« Eau & Rivières de Bretagne se félicite de cette mobilisation de l’ARS et de ces nouvelles analyses de l’air », indique Philippe Derouillon-Roisné.
Le représentant d’Eau & Rivières à la Commission locale de l’eau de la baie de Saint-Brieuc poursuit : « La qualité de l’air est un problème émergent mais il ne faut pas prendre le même chemin du déni que pour la qualité de l’eau. Les résultats des analyses doivent être rendus publics, les données accessibles immédiatement. La population a le droit de savoir. »
Tous les sites touchés doivent être étudiés
Pierre Loisel, représentant de l’association à la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA), poursuit : « Pourquoi limiter cette étude uniquement à quatre sites des Côtes d’Armor ? Toutes les plages et vasières touchées par les algues vertes devraient être étudiées, notamment celles qui sont très fréquentées. Tous les médecins bretons devraient recevoir le même niveau d’information sur les risques de l’hydrogène sulfuré et des symptômes que provoque son inhalation. »
Mais si l’installation de capteurs d’air sur toutes les plages est un progrès, ell ne réglera pas le problème sur le fond. « Le taux de nitrates est la seule cause sur laquelle l’action publique peut agir pour que cesse ce fléau. Des décisions fortes doivent être prises dès cette année pour espérer descendre sous la barre des 10 mg/L dans les baies et vasières touchées. En favorisant la diminution du cheptel breton, en conditionnant les aides publiques, en renforçant la réglementation et le contrôle sur les épandages… »
Je dis stop aux marées vertes
Depuis le printemps, Eau & Rivières de Bretagne a lancé une grande campagne intitulée « Je dis stop aux marées vertes ».
Agissez à nos côtés pour enfin éradiquer ce fléau qui empoisonne notre santé et notre nature !