Notre cri d'alarme pour les derniers saumons
Le saumon, l’anguille, l’alose, la lamproie, ces poissons mythiques de nos rivières ne reviennent plus au rythme des saisons. Les pêcheurs et les naturalistes le constatent depuis plusieurs années et s’en inquiètent.
Un grand mystère entoure les poissons migrateurs. Ces animaux fabuleux accomplissent une partie de leur cycle de vie en mer : une zone plus éloignées que Mars de nos radars... Il est toutefois possible de notifier un certains nombres d’activités qui nuisent aux poissons migrateurs. Ces activités additionnées les unes aux autres extermineront-elles ces espèces, fruits de milliards d’années d’évolutions ?
Les indicateurs du saumon sont au rouge
Les trois indicateurs permettant de juger de l'état des populations de saumons dans les rivières bretonnes, sont au rouge depuis trois ans :
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Les stations de comptage enregistrent le plus bas niveau historique de passages de saumons
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Les captures par pêche à la ligne régressent depuis l’an dernier
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Les indices d’abondance des juvéniles sont catastrophiques cette année
La Bretagne est la dernière région de France où la majorité des rivières accueillent encore des saumons. Notre région porte donc une responsabilité particulière. Mais l’État fait preuve d'une inertie irresponsable.
L'activité humaine en cause
La surpêche de la flotte industrielle crée un manque de proies et provoque une famine chez bon nombre de prédateurs du milieu marin quand elle ne capture pas directement les individus dans ses filets gigantesques et non sélectifs. Si vous pensez qu’il est préférable de manger du poisson d’élevage, sachez que la nourriture des poissons provient de la pêche intensive pour faire des farines de poissons.
Mais la vie en rivière n’est pas de tout repos non plus pour nos poissons. Les aménagements sur les cours d’eau, rectifications et destructions de zones humides vont maintenant de pair avec la modification des régimes des pluies à cause du changement climatique. Ne parlons pas non plus des multiples pollutions, plastiques mais aussi chimiques qui aseptisent complètement certains cours d’eau.
De nouvelles mesures de conservation à prendre rapidement
Lors de la dernière consultation du public sur le projet de PLAGEPOMI 2024-2027 qui s’est conclut le 30 octobre, Eau et Rivières a donc insisté sur la restauration de la continuité écologique, la protection des milieux aquatiques, la prise en compte du changement climatique, et l’adaptation des mesures de gestion du saumon dans nos rivières. De nouvelles mesures de conservation sont à prendre dès 2024. Il faut réviser les Taux annuels de captures pour qu’ils soient compatibles avec la conservation. Il faut aussi revoir les périodes de pêche et réagir en fonction des données des stations de comptage.
Enfin, tout n’est pas encore joué, quand on leur laisse de la place, les poissons reviennent, en témoigne le retour très rapide des poissons migrateurs sur la Sélune. Une rivière qui voit sa qualité de l’eau améliorée par l’effacement de deux barrages depuis 2012.