Algues vertes | Les élus doivent se mobiliser
Un collectif de 7 associations * réagit dans un communiqué de presse aux déclarations des élus des deux agglomérations concernées par la problématqiue algues vertes sur le territoire de la baie de Saint-Brieuc.
Nous avons pris connaissance de la position des élus de Saint-Brieuc Armor Agglomération et de Lamballe Terre et Mer, exprimée dans l’article du Ouest-France du 21 janvier dernier, intitulé « l’Etat doit se mobiliser sur les algues vertes». Elle appelle quelques commentaires de notre part.
Une diminution des tonnages ramassés, une augmentation des échouages
Les élus mettent en avant la diminution des algues collectées, avec un tonnage tombé de 10 700 tonnes en 2019 à 2 372 tonnes en 2020. Toutefois, dans le même temps, l’étendue des algues vertes est passée, selon le CEVA, de 2591 à 1212 hectares. Donc 2 fois moins de surface, mais une collecte divisée par plus de 4. Cherchez l’erreur ! Nous, associations actives sur la Baie de Saint-Brieuc, avons constaté que des plages avaient été négligées en 2020, voire laissées à l’abandon. Il serait ainsi intéressant de connaître précisément la nature exacte du contrat de ramassage passé avec le prestataire et les ETA sous-traitantes (ETA Entreprises de Travail Agricoles). En tout état de cause, l’importance du phénomène des marées vertes doit s’apprécier au regard des surfaces impactées et non au regard des quantités ramassées qui ne représentent qu’une part minime des algues vertes échouées (2 à 3 % selon le CEVA).
Une baisse qui peine à perdurer
Le président de la Commission Locale de l’Eau se félicite d’une baisse des nitrates de 26,5% entre 2010 et 2019. Il ne précise pas sur quel territoire mais surtout, il omet de révéler que depuis 2013-2014, dans la baie de Saint-Brieuc, les nitrates aux exutoires des cours stagnent (Gouët et Ic) voire augmentent (Urne et Gouëssant), selon le tableau de bord annuel tenu par ses services. Or, nous sommes encore bien loin du taux de 15 mg/L de nitrates pouvant permettre une simple diminution des marées vertes et très loin du taux de 5 à 10 mg/L qui permettrait l’éradication du phénomène.
Une réorientation des aides nécessaires
La calamiteuse année 2019 démontre de façon éclatante que les satisfecit ressassés chaque année sur les « progrès » accomplis ne sont vraiment pas de mise. Nous demandons aux élus de notre région un changement radical de politique pour aider les éleveurs et agriculteurs à réduire drastiquement les populations d’animaux présents dans les élevages, tout en les faisant bénéficier d’un revenu convenable. Encore une fois, nous demandons au Conseil régional de ne plus subventionner les filières agricoles industrielles (plan volaille, plateforme SICA,...), l’argent du contribuable devant aller à l’accompagnement des reconversions. Il en va de notre santé à tous (eau, air, zoonoses…).
Bien entendu nous nous réjouirons si des outils permettant un ramassage des algues vertes dans des conditions plus respectueuses de la biodiversité sont mis au point mais le curatif ne doit pas primer sur le préventif, pas plus que des méthodes de ramassage plus performantes ou valorisble en alimentation animale ne doivent nous faire accepter les marées vertes.
De nouvelles recherches et de nouveaux instruments de ramassage alourdiront encore le coût du volet curatif des plans algues vertes. Faut-il cyniquement s’en réjouir en pensant que cela conduirait enfin l’Etat, lassé de payer la note, à cesser son soutien à l’agro-industrie ! ? Nous attendons impatiemment le rapport de la Cour des comptes qui devrait mettre en lumière l’addition salée pour le contribuable de cette politique infructueuse de lutte contre les marées vertes.
Voir le communiqué de presse interassociatif
Voir l'article du Ouest-France du 21 janvier (article complet réservé aux abonnés du journal)
* ARPE, CLCV des Côtes d'Armor, COBEN, De la source à la mer, Eau & Rivières de Bretagne, Halte aux marées vertes, Sauvegarde du Trégor