Algues vertes : l'urgence d'un plan de lutte plus efficace [05/07/2017]
Eau & Rivières de Bretagne participe ce 5 juillet au comité de pilotage du Plan de Lutte contre les Algues Vertes n°2. Depuis le début du printemps 2017, les échouages d'algues vertes sont particulièrement importants en Bretagne : les surfaces envahies par les dépôts d'ulves sont 3,5 fois supérieures à la moyenne des années 2002-2016, selon les relevés aériens du CEVA.
Le premier plan entre 2009 et 2015 a mobilisé plusieurs dizaines de millions de fonds publics. Son bilan est contrasté. Les projets de territoires portés par les élus, ont engendré une prise de conscience et une certaine dynamique locale. Cependant, ainsi que le souligne le bilan dressé par les scientifiques du CRESEB ils se sont traduits par « une multitude d'opérations ponctuelles sans changement majeur des pratiques et des systèmes de production agricoles à l'origine des fuites d'azote vers les eaux. » Et la pollution par les nitrates sur les bassins concernés n'a pas baissé sensiblement davantage que sur le reste de la région. Pour le Président d'Eau & Rivières de Bretagne Alain BONNEC, « il est donc urgent de changer de braquet dans la lutte contre les algues vertes ».
Les projets du second plan 2017-2021 présentés ce jour prévoient de poursuivre ces actions sur les huit baies les plus atteintes par les échouages d'algues vertes. Eau & Rivières de Bretagne déplore d'abord que les objectifs affichés de réduction des nitrates à l'horizon 2027 soient notoirement insuffisants. En effet, ceux-ci ne prévoient pas de descendre partout en dessous des 20 mg/l, voire d'approcher les 10 mg/litre préconisés sur certaines baies par les études scientifiques fondées, ce qui permettrait de diminuer d'au moins de moitié les quantités d'algues vertes.
Pour assurer l'efficacité de l'argent public mobilisé et tenir compte des enseignements du premier plan, le caractère innovant et ambitieux des plans d'action devra être renforcé : transformation en profondeur des systèmes de production par, en particulier, le développement des systèmes agricoles à bas niveau d'intrants (systèmes herbagers, productions bio, porcs sur paille, etc ), la réduction des épandages d'azote, la préservation et la restauration des zones humides.
Une telle transition ne peut être assurée que dans le cadre d'un véritable projet économique durable qui implique la mobilisation, au-delà des seules exploitations agricoles, de l'ensemble des filières agro-alimentaires (banques, conseils, transformateurs, distributeurs, consommateurs, …) et des collectivités. « Le plan algues vertes constitue pour les territoires concernés une chance à saisir pour l'avenir » relève Jean-Yves Piriou, Vice Président de l'association : « grâce à ces aides techniques et financières, les territoires pourront développer des modes de production et de consommation durables qui assurent en même temps la reconquête de la qualité des eaux ».
Enfin, au moment où la moitié des terres agricoles vont changer de mains dans les dix prochaines années, la réussite de ce second plan de lutte contre les algues vertes exige une réforme en profondeur de la politique foncière : celle-ci doit privilégier l'attribution des terres libérées au profit des exploitations agricoles durables et non polluantes.
Eau & Rivières de Bretagne sera vigilante, tout au long de la mise en œuvre de ce second plan, pour que les évolutions qu'elle souhaite ambitieuses, innovantes, et porteuses d'espoir pour toute la Bretagne, soient effectivement assurées.
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