Algues vertes | Les maires du Morbihan pressés d'agir
Le préfet invite les maires du Morbihan concernés par les échouages d'algues vertes à les ramasser et en informer le public. Bien ! Mais cela ne règle pas la cause du problème et, là aussi, le préfet à un rôle à jouer.
Le 11 juin dernier, Eau et Rivières de Bretagne alertait les pouvoirs publics sur l'échouage d'algues vertes dans le Morbihan. Une piqûre de rappel sur les responsabilités des maires en matière de santé publique dont le préfet a bien saisi l'importance. Dans une lettre adressée aux édiles concernés par les marées vertes, le préfet du Morbihan témoigne d'échouages, parfois importants, "notamment sur les plages de Larmor-Plage, de Gâvres, de Ploemeur, de Quiberon, localement à Carnac, en presqu'île de Rhuys mais également sur des vasières dans le Golfe du Morbihan et en ria d'Etel."
Comme la putréfaction des algues peut entraîner l'émission de gaz, comme l'hydrogène sulfuré, le préfet conseille aux maires de prendre leurs précautions.
Information et ramassage : qui paye ?
Le préfet invite les maires à
- installer des panneaux d'information aux abords des sites concernés par les échouages ;
- interdire l'accès aux sites, notamment si les algues ne peuvent pas être ramassées (vasières) ;
- ramasser régulièrement les algues, les dépôts massifs d'algues devant être collectés dans les 24 à 28h suivant l'échouage ;
- assurer un suivi en informant régulièrement les services de l'Etat.
Eau et Rivières de Bretagne se félicite de la prise en compte du problème des marées vertes dans le Morbihan - il était temps - et invite les maires concernés à appliquer au plus vite les mesures conseillées. Ce département n'est en effet pas directement concerné par le volet préventif du Plan de lutte contre les algues vertes (Plav), ce qui ne l'exonère pas de mettre en oeuvre pleinement son volet curatif (ramassage et information). Le phénomène des marées vertes étant de la responsabilité de l’État et à son laisser-faire dans l'intensification agricole et ses surplus azotés (comme jugé par le tribunal administratif le 23 octobre 2007), le coût du ramassage des algues et les frais d'affichages des messages d'alerte doivent être assumés entièrement par l’État, sauf à appliquer le principe de pollueur-payeur et que les coûts des dispositifs de protection de la population soient supportés par les pollueurs et non par les contribuables ?
Nous demandons par ailleurs à ce que L’État, via l'Agence régionale de santé (ARS), mette en place aux abords de ces vasières où le ramassage n'est pas possible, un réseau de suivi de l'hydrogène sulfuré (H2s), gaz toxique que peuvent dégager les amas d'algues vertes en putréfaction. Nous rappelons également qu'il nous semble nécessaire que des panneaux soient installés sur tous les sites touchés par les algues vertes, en Morbihan et ailleurs (141 sites touchés par des prolifération d' algues vertes répertoriés) et que cette responsabilité soit également rappelé aux maires des 4 autres départements.
Pour en finir avec les algues vertes, il faut en finir avec les dérogations
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Dans son courrier, le préfet du Morbihan n'aborde pas le fond du problème. Car si les algues vertes se développent, c'est bien à cause des nitrates. Or, qui a autorisé de nombreuses dérogations d'épandage en ce printemps ? Qui donne les autorisations pour la création ou l'extension de fermes usines ? C'est ce même préfet ! Aujourd'hui, pour que cesse cette hypocrisie, pour se mettre en cohérence avec les efforts demandés aux communes, Eau et Rivières de Bretagne exhorte donc le représentant de l’État en Morbihan à agir et à mettre fin aux extensions d'élevages et engager réellement la transition vers l'agroécologique.
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L'administration et les collectivités doivent se mettre en conformité avec le Sdage (schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux) Loire-Bretagne qui, dans sa disposition 10 A-2, demande d'établir un programme de réduction des flux de nitrate parvenant sur les sites de marées vertes sur sites littoraux vaseux.
Lire ici la lettre du préfet adressée aux maires concernés par les échouages d'algues vertes.