Appel à mobilisation pour les haies
Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) (leur analyse complète ici) rappelle que les haies sont des composants fondamentaux des paysages avec de multiples rôles connus et démontrés. Elles constituent à ce titre un patrimoine paysager, naturel et culturel, dont la destruction dépasse une seule instruction administrative et doit intégrer celle patrimoniale dont les constituants ne sont pas remplaçables par de seuls linéaires plantés. Leur destruction peut exceptionnellement être envisagée, mais appelle à être solidement justifiée afin d’éviter d’être une simple initiative individuelle et banalisée de gestion du territoire.
Selon l’Office français de la biodiversité (OFB), 750 000 km de haies ont été arrachés en France sous l’effet conjoint du remembrement agricole et du déclin de l’activité d’élevage au profit de la céréaliculture intensive. L’identité paysagère de ces territoires et, de fait, leur attractivité résidentielle et touristique, ont évolué, tout comme leur contribution à la régulation de l’écoulement et l’infiltration des précipitations dans le sol.
Actuellement, le déclin du bocage se poursuit, avec même une accélération depuis 2019, passant de 11 000 km par an à 23 500 km selon le CGDD, sous le triple effet renforcé de la diminution de l’élevage qui entraîne celle des parcelles de prairies naturelles remplacées par les monocultures, de l’urbanisation et de l’engouement croissant pour le chauffage au bois encouragé par l’Etat.
Il est important de rappeler que malgré le programme Breizh Bocage, qui permet, en moyenne, à chaque EPCI qui le déploie, de planter 10 km linéaires de haies par an, le bocage recule toujours en Bretagne. Ces linéaires, malheureusement, n'ont pas un avenir sûr (beaucoup de pertes les 5 premières années)... Les haies plus ou moins âgées qui subsistent encore, sont pour une grande majorité en "mauvais état" car elles ne sont pas entretenues ou trop entretenues. Peu, pour des haies d'arbres qui ont été conduites avec des techniques spécifiques (trogne, émonde...) et ne le sont plus peuvent être fragilisés, elles ont besoin d'un entretien de restauration particulier. Trop ou mal entretenues, pour des haies devenues gênantes, ou entretenues par des personnes n'étant pas averties, sensibilisées ou qualifiées, ou avec des outils peu ou mal adaptés. Le développement des filières bois, l'agrandissement et l'intensification des parcelles cultivées, le dérèglement climatique (alternance sécheresse / forte précipitation), nous demandent une vigilance accrue quant au bon entretien de notre bocage existant, afin d'assurer sa pérennité et ses multiples bénéfices (guide gestion durable de la haie par Réseau Haies France ici).
L'approche biodiversité est bien souvent mis en retrait, pourtant les haies de bocage ne sont pas qu'une ressource en bois. Elles sont également des habitats d'espèces protégées, malheureusement encore peu d'inventaires sont réalisés... Les haies se composent de nombreuses topologies, d'individus d'âges diversifiés, elles hébergent une grande biodiversité animale et végétale qui représente, pour la faune, l'essentiel de notre biodiversité terrestre bretonne. Elles multiplient les habitats, grâce au nombre d'étages et de milieux qui les composent : les fossés, les talus, les bandes enherbées, les arbustes, les arbres, le bois mort, les lianes... Ce sont donc des multitudes de lieux de vie, d'axes de déplacements, de refuges, essentiels pour la préservation de certaines espèces... L'agriculture participe en grande partie au bon ou au mauvais fonctionnement de tout ces écosystèmes, il serait temps de valoriser davantage les pratiques favorisant le vivant dans son ensemble (Présentation de Paysans de Nature).
Dans ce contexte, il est nécessaire de conserver, restaurer et amplifier un maximum le maillage bocager plutôt que de "simplifier" sa destruction.
Conserver par la connaissance, l'entretien, la reconnaissance, la protection...
Restaurer par la pousse naturelle assistée ou non, l'arrêt du sur-entretien, la remise en état des zones humides et des talus...
Amplifier, penser à une échelle plus grande que la parcelle ou l'exploitation agricole, penser à l'échelle d'un bassin versant et amorcer l'hydrologie régénérative sur notre territoire...
Voici un extrait de ce que le groupe de travail bocage porte au nom d'Eau et Rivières de Bretagne (toutes nos publications ici), devenez acteur.ice de la restauration du bocage en vous inscrivant au programme les Mains dans le Bocage ici.
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Contact : audrey.gosselin@eau-et-rivieres.org
