Arzal | La série des extensions "devant le fait accompli" se poursuit
Le dossier de l'exploitation de la ferme de Kerollet à Arzal est une série aux multiples saisons...
Nous rappelons que l'exploitation a un historique peu reluisant : plusieurs condamnations pour pollutions du cours d'eau (le Kerollet, affluent de la Vilaine) et multiples mises en demeure pour non-respect des conditions fixées par la préfecture.
Nous rappelons également que la manière dont procède cette exploitation met l'administration devant le fait accompli : les agrandissements répétés sont réalisés, puis régularisés par l'administration... ce qui est inacceptable de notre point de vue. Et nous considérons par ailleurs que l'administration manque singulièrement de fermeté. Ainsi, en 2020, l'enquête publique qui nous avait tant fait réagir portait régularisation administrative pour l'extension d'un atelier de vaches laitières et d'une installation de méthanisation. Il est tout de même curieux d'inviter le public à donner son avis sur une situation irrégulière, que l'administration "blanchit" par enquête publique...
L'arrêté préfectoral qui en avait résulté a été contesté par notre association devant le Tribunal administratif, qui sursoit à statuer sur quatre points donnant lieu à la présente consultation du public :
1/ Incidences des émissions de gaz des installations sur la santé humaine
2/ Etat initial des sols
3/ Etat initial des milieux aquatiques
4/ Incidences de l’augmentation des volumes d’épandage au regard des réglementation applicables sur les sols
Nos observations sur ces quatre points sont dans notre avis, téléchargeable ici.
Nous en avons profité pour préciser à l'administration notre vision de l'agro-écologie, car, non seulement la consultation publique porte sur un projet encore très mal justifié au regard des quatre points demandés par le juge, mais en plus, il se présente comme étant agro-écologique...
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L'illusion agro-écologique
Nous reproduisons ici l'extrait de notre avis sur notre vision de l'agro-écologie.
"Loin des prescriptions de l'agroécologie, nous avons au contraire affaire à un système de type industriel hyper-intensifié, avec une délégation importante des tâches à la bureautique, l'informatique et la robotique. Ce n'est pas répréhensible, encore faut-il que les objectifs annoncés soient atteints, que les contraintes réglementaires et environnementales soient respectées.
Le dossier parle de désintensification, ah bon ? Il n'y a bien entendu aucune désintensification de l'atelier lait, bien au contraire.
L'exploitant surfe sur une idée en vogue, et réellement porteuse de progrès si on ne la pervertit pas : le développement des systèmes herbagers qui permet de réduire la pression de l'élevage sur l'environnement. La transition des systèmes intensifs maïs-soja vers des systèmes pâturants, qualifiés à tort de désintensifiés ou durables, réduit les pollutions de l'air, de l'eau et des sols, économise beaucoup d'énergie et par voie de conséquence limite les émissions de Gaz à Effet de Serre.
Leur mise en œuvre se traduit par un temps de pâturage maximisé, un recours aux compléments azotés importés minimisé, mais aussi une inévitable diminution de la production laitière par vache, ce qui nécessite souvent une augmentation du nombre de vaches, si l'objectif est de maintenir la quantité de lait produite par l'atelier. Dans de tels systèmes, la santé des animaux est meilleure, leur longévité nettement améliorée : 5 lactations plutôt que 3 en système intensif.
Rien de tout cela sur cette exploitation : si les effectifs augmentent, ce n'est pas à cause d'une alimentation moins énergétique qui ferait baisser la production par vache, celle-ci est maintenue avec la substitution du soja par de la luzerne.
La production totale évolue en même temps que l'augmentation du cheptel : l'éleveur annonçait récemment une production atteignant 2,5 millions de litres, on approche des 9.000 litres /vache.
D'ailleurs les coefficients UGB sont maintenus, voire même augmentés, entre la situation à 220 VL et la situation à 290 VL, erreur sans doute car la quantité ingérée est maintenue à 6,2 t/VL, ce qui est un niveau pour vaches hautement productrices…!
(290 VL = 333,5 UGB, soit une vache = 1,15 UGB, alors que dans l'état actuel 220 vaches = 220 UGB).
L'absence de modification du système fourrager est confirmée par les temps de présence au pâturage :
Le cheptel ne sortira pas plus en pâture qu'auparavant, la luzerne n'est pas pâturée. Les vaches ne sortent jamais, les génisses 4 mois la 2ème année, et 2 mois la 3ème année, soit 6 mois en tout sur une courte vie de 5,5 ans (3 lactations /VL c'est peu, avec un taux de renouvellement annoncé à 30 %, c'est élevé, mais c'est la norme dans ce type de système usant pour la santé), les pauvres bovins ne sortent jamais à l'herbe, et ne vivent pas longtemps. Oui cela confine à de la maltraitance animale, mais ce n'est pas l'objet du dossier…
Quant à l'amélioration des performances techniques et économiques, oui la luzerne ce sera mieux pour les vaches et moins cher que le tourteau de soja (subventions !), mais ça ne fera pas de miracle !
Est-ce bien raisonnable de déshydrater de la luzerne ?"
Une méthanisation contre laquelle nous réfutons les méthodes de bilan GES
Eau et Rivières de Bretagne s’inscrit en faux sur les bilans GES de la méthanisation, laquelle induit des conséquences néfastes sur la santé publique, en plus de ne produire finalement que très peu d’énergie en net à l’échelle de notre mix énergétique tout en coûtant fort cher aux contribuables par des prix de rachat de l’énergie très au-delà des prix de marché.
Le détail de notre analyse propre au dossier est bien elle aussi dans notre avis...poursuivez la lecture :-)