Augmentation des quotas de pêche sur les civelles : attention, danger
L’anguille européenne est une espèce migratrice, emblématique de nos cours d’eau.
La France vient de décidé d'augmenter les quotas de pêche à la civelle pour l'année 2021-2022. Eau et Rivières ne comprend pas cette décision et s'inquiète pour l'avenir de l'espèce.
Pour accomplir son cycle, l'anguille européenne part se reproduire dans la mer des Sargasses. Les larves, appelées civelles reviendront dans nos rivières pour s’engraisser et repartiront lorsqu’elles seront prêtes pour la reproduction. On appelle ça la dévalaison, et l’âge de l’anguille pour cette étape est très variable. On compte 3 ou 4 ans chez les mâles du sud de l’Europe et jusqu’à plus de trente ans dans le nord de l’Europe, c’est fonction de la température de l’eau.
Une espèce très vulnérable
Ce cycle de vie, comme tous les migrateurs, rend l’espèce très vulnérable. Et pour ne rien arranger, les civelles font l’objet d’un marché très juteux.
Depuis 1980, la raréfaction de l’espèce est constante et très inquiétante. en France, les arrivées de civelles pour l’année 2019 représentaient seulement 5 % des effectifs observés 30 ans plus tôt. Depuis 2008, l’anguille européenne est classée « en danger critique d’extinction » en France et dans le monde, soit le dernier stade avant le classement « espèce considérée comme éteinte à l’état sauvage ».
57 tonnes de civelles peuvent être pêchées cette année, soit 170 milliards de civelles
Voilà pourquoi, Le Conseil de l’Union Européenne a adopté en 2007 un règlement afin de reconstituer les stocks d’anguilles européennes. La France, en application de ce règlement a instauré des quotas de pêche. Pour établir ces quotas, des scientifiques travaillent sur l’espèce afin d’informer les décideurs. La France augmenterait donc ses quotas de civelles, suivant une recommandation du Comité scientifique. Malheureusement cette recommandation n’est pas rendue publique : 57 tonnes de civelles peuvent être pêchées cette année, soit 170 milliards de civelles !
Le Conseil international pour l’exploration de la mer préconise d'arrêter la pêche
Nos informations à nous proviennent du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM ou ICES) et ne donnent pas du tout la même recommandation puisqu’ils préconisent d’arrêter de pêcher tout simplement.
Les instances de pêche de loisirs étaient elles aussi opposé à cette mesure lors de la consultation.
L’association Eau et Rivières s’interroge donc sur cette décision et demande que le rapport scientifique qui fonde l'augmentation des quotas soit publié. Nous sommes très inquiets pour l’avenir de l’anguille d’Europe qui va passer une sale année… et peut-être anéantir les actions menées jusque là, notamment par les pêcheurs, pour protéger les civelles.
Lire le compte rendu de la décision ici.