Blocage de train, révélateur d’un État défaillant

23 mars 2022
Blocage de train, révélateur d’un État défaillant

 

L’action de désobéissance civile mis en œuvre par le Collectif régional contre les fermes usines fait couler beaucoup d’encre depuis samedi 19 mars. Eau et rivières de Bretagne n’y a pas contribué, ni participé. Eau et rivières de Bretagne ne fait pas partie du collectif mais s’oppose depuis toujours au modèle des fermes-usines. Elle souhaite donc faire une mise au point car beaucoup d’informations fantaisistes circulent dans la presse et sur les réseaux sociaux.

 

Le Oui, Non d'Eau et rivières de Bretagne

Pour commencer, oui ! l’association partage de nombreux objectifs de ce collectif réunis dans un document support appelé « Charte pour l’abandon des fermes usines » et notamment l’affirmation selon laquelle « Le modèle que nous souhaitons promeut la production d’une alimentation de qualité accessible à tous, via une agriculture vivante, territorialisée, avec des élevages soucieux du bien-être animal, dans un système respectueux des paysans. ». Oui ! Eau et rivières de Bretagne a appelé à plusieurs reprises à participer à des rassemblements du collectif dans sa première phase morbihannaise d’opposition aux extensions d’élevage de volailles notamment.

 

Non ! Eau et rivières de Bretagne ne fait pas partie du collectif, depuis son extension à l’échelle régionale, en témoigne la délibération de son dernier conseil d’administration du 15 mars 2022 « Compte tenu des éléments de contexte et de la propre stratégie interne à Eau et rivières, le conseil d’administration décide de ne pas nommer de représentant dans le Collectifs Bretagne contre les fermes-usines et donc déclare ne pas en faire partie, tout en se réservant la possibilité d’appeler à se mobiliser sur l’une ou l’autre des actions à entreprendre collectivement. » En conséquence, Eau et rivières n’a pas participé à cette action et ne s’y associe pas.


Les modes d'action d'Eau et rivières de Bretagne sont connus de tous, la désobéissance civile n'en fait pas partie. Pourtant face à l'attitude de l’État et son alliance objective avec les lobbies de l'agriculture intensive, l’association ne peut que constater une évolution des comportements et des modalités d’action.

 

Une émotion à deux vitesses

Le non respect ou contournement de nombreuses décisions de justices de l’État par le biais de régularisation, les reculs incessants sur des sujets majeurs comme la protection des riverains ou la pollution de l'eau du robinet par les pesticides, poussent la population vers une défiance vis-à-vis de l’autorité et finalement la désobéissance. Si l’association ne promeut pas ces modalités d'action, elle peut très facilement en comprendre les ressorts.

On nous annonce aujourd’hui que le parquet de Lorient aurait évalué le préjudice à plus de 2 millions d’€ et que des poursuites allait être engagées. Pour le Président d’Eau et rivières « il ne faudrait pas qu’il y ait deux poids deux mesures dans l'émotion. On n’a jamais vu de ministres, d'élus, de commentateurs, s'émouvoir sur le registre de la faim dans le monde et du gaspillage alimentaire, lors des nombreuses opérations de destruction des biens alimentaires dans les supermarchés ou de destructions de lait comme récemment mis en œuvre par des "activistes" de la FNSEA ou des JA ».


Si dans un état de droit, la justice est un pouvoir indépendant, socle de la démocratie, elle doit aussi être la même pour tous. On pense bien sûr ici, aux millions d'euros laissés à la charge des contribuables à l'occasion des manifestations agricoles, où abandons de déchets en abondance (bâches, pneus, résidus de culture, bidon,…) et destructions de biens publics sont malheureusement monnaie courante... et ce en toute impunité.

 

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