Problématique éminemment environnementale, celle-ci ne déclenche généralement pas l’enthousiasme du public, fut-il militant pour la défense de l’environnement. Et pourtant ... La thématique des déchets recèle de nombreux enjeux.

Leur masse énorme, les coûts qu’ils engendrent, les pollutions du sol, de l’air, de l’eau et même de l’alimentation, les impacts sur le climat sont réelles, bien que souvent devenant invisibles puisque ces « ordures » disparaissent de notre vue, ramassées régulièrement par des camions que l’on n’entend ni ne voit pas car passant le plus souvent au petit matin.

En effet :

• Qui a déjà visité un centre d’enfouissement des déchets ? les monstrueuses alvéoles au fond desquels on distingue des bulldozers « rangeant ces déchets avant qu’il s ne soient recouverts » ?

• Qui a visité une usine d’incinération des ordures ménagères résiduelles (OMR) , lesquelles en plus d’émettre des fumées malgré les filtrages, produisent 25 à 30% de sous-produits, des REFIOM toxiques ( Résidus d’Épuration des Fumées d’Incinération des Ordures Ménagères), des MIOM (Mâchefers) pas toujours recyclables ?

• Qui a déjà visité une usine de tri des emballages, où l’on voit des personnes qui n’ont pas choisi ce métier, les mains dans les ordures car les machines ne peuvent le faire entièrement ?

• Qui sait combien ça lui coute et sur quel document c’est porté à sa connaissance ? certainement pas ceux, malheureusement les plus nombreux, qui sont soumis à la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères) , car on ne lit que l’avis d’impôt foncier que le total en bas de la feuille

• Qui connait l’impact sur le climat par les émissions de gaz à effet de serre des déchets ?

Ce qu'il faut savoir sur les déchets

Ce qu’il faut savoir, c’est que :

L’enfouissement des déchets, dont 30% sont des matières organiques émet du méthane, du sulfure d’hydrogène, des oxydes d’azote, tous plus toxiques ou à effet de serre les uns que les autres. Au total, on estime à environ 10% les émissions moyennes de déchets (1) . Des alvéoles anciennes (les plus nombreuses) rejette des liquides (lixiviats) dans la nature.

Le tri des déchets ne concerne souvent qu’une petite partie des emballages recyclables, lorsque l’extension des consignes de tri (« tous les emballages dans la poubelle jaune ») n’a pas été décidée par les élus. Et même lorsque tous les emballages sont triés, une trop faible partie est recyclée, soit parce qu’il n’y a pas de solution technique, soit parce que c’est trop cher. De plus, les emballages sont au centre de problèmes de santé publique, parce qu’il y en a trop, qu’il sont souvent propagateurs de produits toxiques (perturbateurs endocriniens et autres auxiliaires de fabrication).

La Bretagne est la première région d’élevage de France (cumul porçin, bovins, avicole), avec seulement 6% de Surface Agricole Utile (SAU). L’agriculture bretonne, qui est entièrement en zone vulnérable, produit donc beaucoup de déchets, des plastiques et surtout des effluents d’élevage.

Ces derniers, sont excédentaires lorsqu’ils ne peuvent pas être utilisés en amendement des sols de la bretagne. Ils sont alors, soit exportés, soit traités dans des installations diverses et variées (méthanisation, traitement des lisiers, etc.), avec des impacts environnementaux avérés. Il faut avoir conscience aussi que, les épandages de déchets devenus des ressources (fumiers, lisiers, digestats de méthanisation, etc.) sont de moins en moins contrôlés, l’évolution des nitrates en témoigne.

En conclusion, étudier les conséquences négatives sur l’environnement, le climat et la santé tels que l’enfouissement, l’incinération, le transport, les dépôts dans la nature (sauvages ou autorisées) ne suffit pas. Le vrai problème des déchets, c’est qu’il y en a trop. Faire progresser le recyclage ou le réemploi, par exemple, ne sert à rien si, en parallèle, on produit de plus en plus de plastiques et autres matériaux voués à devenir tôt ou tard des déchets.

Pour aller plus loin

Combien de gaz à effet de serre dans notre poubelle ?  Article sur le site de Jean-Marc Jencovici