A la sortie de l’hiver, les rivières rechargées
L’année 2024 commence favorablement pour les rivières bretonnes. Mais si l’hiver a été pluvieux ce n’as pas non plus été le déluge.
Les sols sont saturés, les nappes à un niveau un peu supérieur à la moyenne au 1er avril et en hausse. La répartition des pluies au fil des mois d’hiver avait fait naître l’impression trompeuse d’un hiver très pluvieux. C’était faux au 15 mars, mais si les prévisions météorologiques d’ici au 10 avril se confirment, on sera entre moyenne et net excédent. La situation de la ressource en eau est plutôt favorable pour l’été 2024.
Notre perception de la pluie est prise en défaut !
Interrogez n’importe quel passant sur cet hiver. Il vous dira qu’il l’a vécu : gris et pluvieux. Désespérément pluvieux ! Il n’a vu que de la pluie.
Mais rappelons que l’automne n’est arrivé que le 17 octobre, après une longue période ensoleillée, douce… et sèche. Mais depuis comment la situation a évoluée ?
Et là, surprise ! Certes, le Finistère et l’Ille-et-Vilaine sont globalement bien en excédent pluviométrique, mais celui-ci est modéré : 14 et 11 %., et encore cela est lié aux pluies de ces derniers jours !
Source : Infoclimat
Mais les Côtes d’Armor et le Morbihan sont déficitaires de 4 et 6 % ! L’année hydrologique 2023-24 serait donc classique, proche de la moyenne.. Les pluies abondantes annoncées pour les huit jours à venir vont cependant finir par donner raison à l’impression générale.
Pour mieux comprendre notre appréciation de la situation, nous avons présenté sur le graphique l’indicateur départemental, construit à partir de plusieurs sites de mesure, de la pluviométrie d’une année vraiment sèche et précoce, 2017, 2022 pour mémoire, 2024, et celle d’une année nettement humide, 2020. Le verdict est sans appel, notre perception est fausse pour l’automne-hiver 2023/24. Mais les 156 mm de Plouguerneau (29N) en mars contrastent avec les 35 mm d’Hillion (22) !
Nota : nous utilisons l’année hydrologique qui, en Bretagne, débute conventionnellement le 1er septembre et se finit le 31 août. L’année civile est inappropriée pour décrire le cycle de la ressource en eau.
Une hydrologie soutenue, mais pas exceptionnelle
Les crues de l’hiver ont atteint une fréquence quinquennale vers le 2 janvier. Une succession de petites pointes de débit a marqué l’hiver. L’écoulement global cumulé est important, mais non exceptionnel. Les barrages de stockage pour l’eau potable sont bien remplis et la vidange de celui de Rophémel pour travaux est maintenant envisagée sans crainte.
Au 1er avril, les débits sont bien soutenus pour cette période de l’année, nettement au-dessus des normales.
Des sols saturés
Si notre perception de la pluviométrie hivernale nous a donc joué des tours il faut convenir de la forte humidité des sols. En effet le maintien d’une succession de pluies importante retardant le ressuyage des sols. Or cela pose des difficultés importantes pour l’agriculture avec des retards pour le pâturage pour les épandages d’effluents et certains travaux agricoles prévus en mars. La réserve en eau est complète à ce jour.
Et nos nappes ?
Deux aspects sont à examiner au 1er avril : le niveau atteint qui est élevé sans être exceptionnel ; le tarissement qui a cessé du fait des pluies de fin mars. L’année 2024 se présent sous un jour favorable pour les milieux aquatiques et le point au 1er mai sera déterminant pour apprécier les débits d’étiage si l’été est chaud et sec.
Le graphique simplifié ci dessous illustre, entre extrêmes, ce début d’année. En Côtes d’Armor, les pluies récentes ont fait remonter les niveaux et nous sommes dans une configuration favorable d’entame de la vidange des aquifères.
Source BRGM, analyse et infographie ERB