Une microcentrale hydroélectrique sur le Blavet ? Une source d’énergie non durable
Si le projet de création d’une microcentrale sur le Blavet a toutes les caractéristiques de l’énergie renouvelable, il est moins évident que sa réalisation relève du développement durable.
Une société d’économie mixte XSEA, via sa filiale LANERGIE 1, projette d’installer trois vis hydroélectriques pour produire de l’électricité grâce au débit du Blavet sur le barrage de Mané er Vern situé sur la commune de Languidic. Ce projet soumis à enquête publique du 25 août au 15 septembre 2020, notre association a déposé sa contribution.
Un projet de production d'énergie non durable
Notre association a conscience que l’énergie représente un enjeu clé dans le contexte de réchauffement climatique. Sans remettre en cause l’urgence de décarboner nos pratiques, il n’en demeure pas moins que les investissements et les solutions envisagés doivent être durables. De notre point de vue, si le projet de création d’une microcentrale sur le Blavet a toutes les caractéristiques de l’énergie renouvelable, il est moins évident que sa réalisation relève du développement durable.
En effet, le Blavet, 2e fleuve le plus important de Bretagne est un cours d’eau quasiment totalement canalisé. Son fonctionnement est donc écologiquement très amoindri, notamment dans ses fonctionnalités d’auto-épuration de son cours d’eau, dans sa capacité d’absorption des fluctuations des débits et d’accueil des poissons migrateurs, dans sa capacité de résilience, notamment face au changement climatique en cours, dont le réchauffement des cours d’eau et l’expansion des espèces exotiques envahissantes. Rappelons que sur le Blavet, l’hydrocotyle a envahi le fleuve et constitue une menace pour l’ecosystème favorisée par la succession d’écluses du canal.
Le Blavet est déjà une masse d'eau fortement modifiée
Par-ailleurs, le Blavet est l’une des dernières rivières à saumon, un poisson à haute valeur patrimoniale. Le saumon est un poisson vénéré des pratiquants de la pêche, des habitants et fait partie de la culture bretonne.
Le Blavet est un cours d’eau classé en masse d’eau fortement modifiée (MEFM) au titre de la directive cadre sur l’eau, ce qui signifie qu’ il n’est pas exigé qu’il atteigne le bon état, mais qu’il préserve ou restaure un bon potentiel écologique.
Un enjeu biodiversité et résilience au changement climatique
Il est aussi démontré que plus le obstacles sont nombreux sur un cours d’eau, moins les dispositifs de compensation sont efficaces, comme par-exemple la mise en place de passes à poissons. IL s’agira du 12e barrage sur le Blavet. Ainsi, cette accumulation d’impacts, même minimes pris individuellement, devient catastrophique et remet en cause tous les efforts faits jusqu’à présent pour le maintien de la biodiversité dans le Blavet. A titre d’exemple, on constate que le taux d’efficacité de passage des poissons pour un ouvrage seul est de 70 % (70 poissons franchissent la passe sur 100 s’y présentant), il se réduit à 3 % après le passage de 10 ouvrages (France Nature Environnement 2015).
Un enjeu eau potable
La continuité écologique est non seulement un facteur favorisant la diversité biologique, mais également un facteur favorisant une bonne qualité d’eau. En effet, plus une eau circule librement, moins elle se réchauffe, plus elle peut s’oxygéner, et donc moins elle coûte cher à traiter pour en faire de l’eau potable. Car, n’oublions pas que le Blavet constitue une source d’approvisionnement majeure en eau potable pour le Pays de Lorient.