Nitrates | Etat des lieux
Faute d'avoir protégé son eau, la Bretagne a vu les nitrates contaminer ses rivières et ses nappes souterraines. Une pollution qui a connu son apogée au début des années 90 et qui ne décline pas assez vite.
EAUX BRETONNES : MALADES DES NITRATES
Longtemps à l'agonie, les eaux bretonnes sont toujours malades des nitrates. Alors que les rivières fournissent aux bretons 80 % de l’eau des robinets, on a méprisé l’eau, on l’a souillée... L'Etat, les élus locaux, plutôt que de lutter contre cette pollution, ont laissé croire qu'en abandonnant les captages pollués, en allant chercher de l'eau toujours plus loin ou plus profond, en traitant l'eau dans de coûteuses usines de « dénitratation », le problème serait réglé.
Les nitrates rejetés en Bretagne proviennent à 94 % de l'agriculture (engrais minéraux et effluents d'élevages), le reste étant réparti entre les rejets domestiques et les effluents industriels.
Les premiers cris d’alarme ont été lancés dès le début des années 1970 par Eau & Rivières qui s'inquiétait de la montée des nitrates dans les captages du Nord-Finistère. Mais ces alertes n’ont pas été prises au sérieux, et dès 1994, c’est l’ensemble de la région qui se trouve classée en « zone vulnérable aux nitrates d'origine agricole», en application de la directive européenne du 12 décembre 1991 relative à la lutte contre la pollution des eaux par les nitrates d'origine agricole.
Cinquante ans d'évolution des nitrates en Bretagne
Télécharger ici notre carte - mention d'Eau & Rivières impérative si reproduction
Avant 1975, la concentration en nitrates dans les rivières est en moyenne inférieure à 10 mg/l
C'était le cas dès 1994, premier classement des zones vulnérables. C'est toujours le cas en 2015, lors de la dernière révision de ce classement. (voir l'arrêté du Préfet coordonnateur de bassin du 13 mars 2015)
Avant 1975, les quelques mesures de qualité des eaux effectuées en Bretagne montrent que la concentration en nitrates dans les rivières est en moyenne inférieure à 10 mg/l. La pollution des nitrates ne cesse de grimper pour atteindre en 1993, 53 mg/l pour la moyenne des rivières bretonnes ! C'est ce niveau élevé de pollution, et l'insuffisance des mesures de protection mises en œuvre, qui a conduit les autorités européennes à engager deux contentieux contre la France devant la Cour Européenne de Justice.
Carte éditée précédemment
Les impacts de la pollution aux nitrates
Cette pollution par les nitrates génère de graves impacts négatifs. (Voir La douloureuse facture des pollutions agricoles)
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elle contribue à augmenter les coûts de production et de traitement de l'eau du robinet (mise en place de réseaux d'interconnexions, de traitements sophistiqués ) ; les pollués sont ainsi les payeurs comme le souligne la cour des comptes.
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elle perturbe l'écosystème aquatique de nos rivières: disparition des espèces les plus sensibles, comme par exemple la mulette perlière qui ne ne peut vivre que dans des eaux à moins de 10 mg/l de nitrates ;
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elle est à l'origine des marées vertes qui affectent le le littoral breton ;
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elle dégrade l'image de marque de notre région et porte ainsi atteinte à son attractivité touristique notamment.
S'il est bon ton aujourd'hui, de saluer l'inversion de la courbe des nitrates en Bretagne, il faut cependant observer que notre région demeure encore la plus contaminée parmi toutes celles du bassin Loire Bretagne...