Pesticides : la santé publique reléguée au second plan ? [14/10/16]
La protection de la santé publique et de l'environnement « négociée » avec les seuls représentants des principaux utilisateurs de pesticides ! Ce cauchemar est pourtant bien réalité, puisque le projet d'arrêté ministériel encadrant l'usage des pesticides, est actuellement discuté au sein du seul « comité de révision des normes en agriculture » constitué des seuls représentants de la FNSEA.
Pourquoi un nouvel arrêté ? Tout simplement parce que l'arrêté existant, qui datait du 12 septembre 2006 a été annulé par le Conseil d'Etat sur recours d'une organisation satellite de la FNSEA, l'association des producteurs de pommes et de poires ! Un projet d'arrêté est donc en cours d'écriture pour le remplacer, et par courrier du 13 juillet dernier, Eau & Rivières de Bretagne a demandé aux ministres concernés d'être associée à l'élaboration de ce projet.
Depuis cette demande, aucune réponse. Et pendant ce temps, la FNSEA qui dispose du projet d'arrêté mène une campagne éhontée pour le vider de sa substance ! Et la seule instance consultée est ce fameux comité de révision des normes en agriculture dont le seul objectif est de s'opposer à l'actualisation des normes sanitaires et environnementales.
L'écriture de ce projet d'arrêté constitue pourtant une étape décisive pour améliorer enfin la protection de la santé publique et de l'environnement. Elle doit permettre de mettre en oeuvre les différentes préconisations des rapports de l'ANSES (Exposition professionnelle aux pesticides en agriculture- juillet 2016), de l'INSERM (Expertise collective, effets des pesticides sur la santé – juin 2013) et du Sénat (Pesticides, impacts sur la santé et l'environnement – octobre 2012).
Alors que la justice commence enfin à reconnaître les dégâts sanitaires causés par les pescticides (cf jugement du tribunal des affaires sociales de St Brieuc accordant 110 000 € de dommages et intérêts à deux salariés de Triskalia victimes des pesticides), il est indispensable que l'utilisation des pesticides soit strictement encadrée pour assurer la protection de la santé publique et de l'environnement.
C'est pourquoi Eau & Rivières de Bretagne a alerté l'ensemble des parlementaires bretons, la Région et le Préfet de Région dans un courrier du 10 octobre, et a organisé une conférence de presse avec l'association Phyto-victimes.
Lire le courrier adressé aux parlementaires