Future Pac : les rivières bretonnes sacrifiées

27 mai 2021
Future Pac : les rivières bretonnes sacrifiées

Le ministre de l’Agriculture a rendu ses arbitrages sur le futur Plan stratégique national, déclinaison de la Politique agricole commune. Ces propositions n’offrent aucune perspective d’évolution de notre agriculture bretonne.

 

Nous partageons l’amertume des organisations associatives et de l'agriculture durable réunis au sein de la Plateforme pour une nouvelle PAC  invitées le 20 mai 2021 à entendre les premiers arbitrages du ministre de l’Agriculture sur le futur Plan stratégique national, déclinaison de la PAC européenne. Nous rejetons des propositions qui ne visent qu'à enfumer le public et n'infléchiront aucunement la trajectoire de l'agriculture bretonne, destructrice des milieux aquatiques et de l’environnement en général.

 

Transition agro-écologique

Le gouvernement a-t-il seulement la bonne vision ? Il estime que l’avenir de l’agriculture repose sur l’investissement. Cette vision n’est-elle pas celle du « productivisme » du passé ? En Bretagne, la dégradation de l’environnement a depuis longtemps remis en question les vertus supposées de l’investissement, tout comme les agriculteurs se sont lassés de l’endettement et de la dépendance. Le négoce des aliments, profitant des installations portuaires de la région, a encouragé le développement de l'élevage jusqu'à provoquer une surpopulation d’animaux en Bretagne.

 

La HVE met la Bio à poil

L’avenir des aides à l’agriculture biologique reflète ce manque de vision politique : abandon des aides au maintien en agriculture biologique (MAB), pour la mettre au même niveau que l’agriculture certifiée Haute valeur environnementale (HVE) ! Pourtant, quel bénéfice envrionnemental en attendre puisque contrairement à la bio, celle-ci n'exclut ni les pesticides de synthèse ni les engrais minéraux azoté, comme a pu le faire remonter au ministère l’Office français de la biodiversité... Nous soutenons donc l'appel à mobilisation de la FNAB le 2 juin à Paris, pour demander la réouverture des arbitrages sur la Bio.

Depuis cinquante ans, la Bretagne souffre de la pollution par les nitrates, les phosphates et les pesticides et de la destruction de son bocage. Pourtant, nonobstant l’urgence et la condamnation des tribunaux, les pouvoirs publics se refusent à imposer les mesures indispensables. La déclinaison nationale de la PAC était pourtant l’occasion d’engager une vraie transition de l’agriculture bretonne, pour l'eau, pour la biodiversité, pour les sols, pour la santé publique, pour les générations futures...

Craignant LA profession agricole ou plus exactement son syndicat majoritaires, le gouvernement se contente de « stabiliser » les aides de la PAC. Loin de répondre aux exigences écologiques de transition agricole, les propos lénifiants du gouvernement ne visent qu’à apaiser les intérêts en place. Avec un budget régional d’environ 450 millions d’euros annuels, les aides actuelles de la PAC étaient pourtant le levier principal de la transition agricole.

 

Le retour à une malsaine co-gestion ?

Contre l’avis de la Région Bretagne qui avait réclamé le droit de piloter l’ensemble des fonds PAC pour la Bretagne, contre les préconisations de la prochaine évaluation de la cour des comptes mais aussi la commission des finances du sénat en matière de lutte contre les marées vertes, redoutant la profession agricole, le gouvernement préfère enfumer les perspectives de la transition agro-écologique, et apaiser les intérêts en place, comme aux plus beaux jours de la co-gestion du Ministère de l’agriculture avec le syndicalisme majoritaire.

Les rivières et les plages bretonnes, les paysans croient encore que le gouvernement doit entendre raison. Eau et rivières appelle les parlementaires bretons à se mobiliser pour éviter cette nouvelle mascarade.

 


 


 


 


 

 

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