Pour une Politique agricole, alimentaire et climatique bretonne
Quatre associations bretonnes appellent le gouvernement à la régionalisation de la gestion des aides de la politique agricole commune [Pac], sous conditions. Découvrez la lettre adressée aux ministres de l'agriculture et de l'écologie.
La réforme de la Pac [politique agricole commune,] entrée en vigueur en 1992, n'a pas permis de mettre fin aux incohérences entre les aides économiques et les incitations environnementales. Celle de 2014 a amélioré l'intégration des enjeux environnementaux, sans toutefois opérer un virage déterminant dans le soutien à la performance écologique des exploitations. L'intensification de l'agriculture bretonne doublée d'une concentration élevée des productions animales, largement encouragée par la Pac, a engendré de multiples dégradations de l'environnement en Bretagne. Cette situation doit en outre aujourd’hui s’apprécier au regard des inéluctables dérèglements climatiques à venir.
Les réformes successives de la Pac ne sont ainsi pas parvenues à atteindre l'objectif de préservation des ressources, mais pas davantage de maintien de l'emploi agricole ou de l'atteinte d'un revenu satisfaisant pour les paysan.nes. Des initiatives très positives (développement de l'agriculture biologique, systèmes herbagers, porc sur paille) ont émergé et permis à des milliers d'exploitations de combiner performance économique et progrès environnementaux.
Les Mesures agro environnementales et climatiques [MAEC] et les aides bio ont permis d’engendrer de véritables changements de pratiques et ont démontré leur efficience économique. Eau et Rivières de Bretagne dresse donc un bilan plutôt positif de la gestion par la Région de ces dispositifs qui ont rencontré un franc succès prouvant la capacité et la volonté de nombreux paysans et paysannes à s’engager dans une démarche de transition agroécologique.
Inquiétudes sur la future politique agricole commune
Alors que se déroulent les discussions relatives à la Pac "post2020", nous sommes inquiets des premiers signaux envoyés par le gouvernement et notamment la volonté affichée de reprise en main au plan national d’une grande partie des aides du 2ᵉ pilier. Ce qui se traduit concrètement par une absence de visibilité sur le paiement des MAEC engagées pour 2020.
Nous les regrettons d’autant plus que nous sommes aujourd’hui favorables à la demande formulée par la Région Bretagne d’expérimenter une gestion totale de la Pac (pilier I et II). Ce budget de près de 500 M€/an est un formidable levier pour orienter l’agriculture bretonne et mettre enfin en cohérence les deux piliers, pour que l’ambition affichée par la Bretagne du « bien manger » passe aussi par le « bien produire ».
Notre lettre aux ministres
C'est ce que nous avons voulu exprimer cette semaine en adressant au ministre de l'Agriculture et de l'alimentation et à la ministre de la Transition écologique et solidaire, un courrier signé par quatre organisations associatives représentant plus de 150 associations de protection de la nature en Bretagne (Eau et Rivières de Bretagne, Cohérence, FBNE, Bretagne vivante).
Ce soutien affiché à l'ambition de la Région n'est pas un blanc-seing. C’est pour nos organisations l'occasion de permettre à l’économie bretonne de faire du dérèglement climatique, et de l'effondrement de la biodiversité, une priorité. Cette transition passe par une politique cohérente sur les plans économique, alimentaire, social, environnemental. Elle devra permettre de se poser les questions essentielles comme celle de l’accompagnement à la baisse du nombre d’animaux produits en Bretagne, levier essentiel de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, des consommations d’eau et des importations de soja (déforestation importée). D’autres enjeux prioritaires devront en découler, renouvellement des générations et maintien de fermes à taille humaine, transition énergétique, sortie des pesticides, relocalisation de la production et de la consommation, restauration et préservation de la biodiversité.
Retrouvez ici les propositions faites pour une évolution de la PAC par Eau et rivières de Bretagne en oct 2017