Pic de pollution de l'air en Bretagne : le rôle de l'élevage oublié !
Carte de la qualité de l'air du 19 avril 2019 (capture d'écran du site d'Air Breizh)
Le week-end dernier, tout le nord de la Bretagne a été touché par une mauvaise qualité de l'air. En Côtes d'Armor, une « procédure d'alerte pour un épisode de pollution atmosphérique par PM10 » a même été engagée. Que se cache-t-il réellement derrière la « combinaison de conditions météorologiques favorables à l’accumulation de polluants dans l’atmosphère » ? De quelle nature sont ces polluants, alors que la qualité de l'air est la 2ème cause de mortalité en France ?
Régulièrement au printemps, les particules fines ou PM10 font parler d'elles de Bretagne. Déjà les 26 et 27 février, ou encore le 1er avril dernier, l'association Air Breizh avait alerté sur des taux trop élevés.
Ces PM10 sont des particules de diamètre inférieur ou égal à 10 µm qui peuvent pénétrer dans les voies respiratoires, voire le système sanguin selon leur taille, avec des conséquences pour la santé. Elles sont composées de particules variées, issues du trafic routier, du chauffage résidentiel, de l'agriculture...
Nitrates d'amonium
En Bretagne, les PM10 à l'origine des pics sont souvent des nitrates d’ammonium, une combinaison entre des oxydes d'azote (issus de la combustion fossile) et de l'ammoniac essentiellement agricole. Et en effet, les pics bretons de PM10 interviennent surtout en fin d'hiver et début de printemps, au moment de l'épandage des lisiers et fumiers sur les terres agricoles... Même si personne n'est parle, ça n'est pas un hasard !
Et oui, l'ammoniac (NH3), un des précurseurs de ces PM10, est issu à 94% du secteur agricole ! Il est principalement issu des déjections animales (bâtiment, stockage, épandage...), et des engrais minéraux azotés. La Bretagne est la première région agricole de France avec des effectifs animaux dépassant largement la capacité du sol breton à « absorber » toutes leurs déjections !
Alors que la France est le 2ème émetteur d'ammoniac après l'Allemagne, et est en contentieux auprès de la Commission européenne et du Conseil d'Etat pour la qualité de notre air, les solutions proposées par les acteurs agricoles nous laissent pantois !
Au lieu de réduire les émissions à la base en faisant évoluer notre système agricole en profondeur, et en réduisant les cheptels en Bretagne, ce sont des actions curatives, techniques et coûteuses qui sont proposées aux agriculteurs !
Eau & Rivières compte prendre à bras le corps cette problématique de l'ammoniac qui ne pose pas seulement un problème de santé publique à travers les PM10, mais qui est aussi un polluant pour les milieux aquatiques ! Un colloque sera organisé à Lorient fin juin pour approfondir le sujet.