La crise sécheresse actuelle met en avant les limites de nos territoires à accueillir de nouveaux projets. Nouveaux prélèvements, nouveaux rejets... Dans ce contexte, les milieux aquatiques sont-ils toujours en capacité d'accepter sans souffrir ces pressions nouvelles ?

Le Trieux souffre tout particulièrement de la sécheresse. La troisième semaine de septembre, comme à la mi août, le débit mesuré à la station de Saint-Clet, a atteint son plus bas niveau historique à 410 litres/seconde ! Depuis la mi-août, la rivière est devenue toute verte à l'aval de Guingamp, probablement un phénomène d'eutrophisation lié à l'impact des rejets des stations d'épuration de l'agglomération.

Le Trieux en situation de crise hydrologique

Une mortalité d'anguilles a été observée, toujours sur le cours aval, sans que pour l'instant il n'y ait d'explications à celle-ci. Les prises d'eau du Bois de la Roche et du Trieux ne suffisent plus à assurer l'alimentation en eau de l'agglomération guingampaise qui doit chaque jour importer des centaines de m3 d'eau depuis le barrage du Goëut ou de celui du Blavet dont les réserves fondent à vitesse grand V. La tension est donc maximale sur le bassin  dont la situation de crise hydrologique inquiète au plus haut point.

Remettre le projet sur la table du conseil communautaire

Dans ce contexte, notre association, la Confédération Paysanne des Côtes d'Armor, et la Fédération Régionale Conchylicole, ont demandé dans une lettre ouverte adressée à Vincent Le Meaux, Président de Guingamp Paimpol Agglomération (GPA), de remettre le dossier du projet d'usine à saumons, sur la table du conseil communautaire. GPA a en effet signé une promesse de vente d'un terrain de 10 hectares à la société Smart Salmon pour y installer son usine à saumons (8000 tonnes) ainsi qu'une unité de découpe et transformation. À minima 800 m3 d'eau par jour seront nécessaires pour cet élevage géant.

La contrainte du zéro rejet, vraiment ?

S'il n'a pas encore répondu à cette lettre, le Président de GPA a affirmé le 11 septembre dernier dans un échange sur Facebook qu'il a " fixé un principe qui est une réserve incontournable lors du vote de la promesse de vente du terrain en juin 2021, à l’entreprise Smart Salmon : les patrons de ce projet industriel doivent respecter irrémédiablement cette réserve qui, si elle n’est pas respectée, emportera des conclusions funestes : toute l’eau fournie à cet industriel doit être retraitée et réutilisée par ses propres moyens. Donc pas de rejet dans le milieu naturel, c’est mon exigence." Petit bémol, cette réserve n'est pas mentionnée dans la promesse de vente, pas plus que dans le compte-rendu du conseil communautaire...

Pas d'eau disponible pour fournir l'usine comme le prouve l'actuelle sécheresse et comme l'a reconnu lors de sa réunion du bureau du 16 septembre la Commission Locale de l'Eau du SAGE Argoat Trégor Goélo, pas de rejets dans le milieu naturel, l'avenir de ce projet délirant n'apparait pas évident !

Tant mieux pour le Trieux.