27 février 2007 | Les locaux de Brest sont vandalisés
2007. Dans la nuit du 26 au 27 février, les bureaux brestois d'Eau & Rivières sont vandalisés. "Quand je suis arrivé, j'ai vu le nom d'un de nos adhérents tagué sur le mur du bâtiment et j'ai compris qu'on avait eu de la visite pendant la nuit", raconte Arnaud Clugery, alors animateur. Quand il pousse la porte du bureau, situé au bas d'une tour du quartier de Keredern, il est stupéfait : tout le mobilier a été retourné, les papiers jonchent le sol, la photocopieuse et les ordinateurs sont à terre...
Déjà le week-end précédant, l’entrée des bureaux de Guingamp avait subi des dégradations. "La période était très tendue. Les manifestations agricoles se répétaient depuis plusieurs semaines. On ne sait pas ou allait s'arrêter l'escalade, poursuit Arnaud Clugery. Le conseil d'administration avait donné pour mot d'ordre à tous les salariés et bénévoles de ne pas s'exposer."
Ces violences, auxquelles s’ajoutent diverses intimidations et menaces proférées à l'encontre de l'association au cours de manifestations agricoles (sur les routes, sur des panneaux de manifestants...), s’inscrivent dans le contexte d’opposition d’une partie du monde agricole aux décisions prises par l’Etat pour échapper aux sanctions européennes.
Des mesures "radicales" déclenchent la colère des agriculteurs
En 1992, lasse de constater que la pollution des eaux bretonnes par les nitrates ne cesse d’empirer, Eau & Rivières de Bretagne alerte la Commission européenne et réclame l'application de la directive n° 75/440/CEE du 16 juin 1975 concernant la qualité requise des eaux superficielles destinées à la production d'eau alimentaire dans les états membres. L'association demande en particulier que les plans de reconquête de l'eau, prévus en cas de dépassement des normes, soient rapidement mis en oeuvre.
S'en suivra un véritable feuilleton qui va durer plus d'une quinzaine d'années au cours desquels l'Etat et la co-gestion agricole va se hâter avec lenteur. Jusqu'à cette année 2007 au cours de laquelle l'Etat se retrouvera au pied du mur et, faute d'anticipation, va prendre un certain nombre de mesures "radicales". Celles-ci déclencheront la colère d'une partie du monde agricole orchestré par le syndicalisme majoritaire qui prendra alors Eau et Rivières comme bouc-émissaire. Le lanceur d'alerte sera même parfois désigné coupable de trahison...
Des militants formés "à l'école de Trotski ou Bakounine"
Après la découverte des locaux saccagés, les témoignages de soutien à Eau & Rivières affluent. Pas celui de la FDSEA du Finistère. La palme de la mauvaise foi sera attribuée à son président, Thierry Merret, qui, dans son rapport moral annuel ira jusqu'à accuser les militants associatifs d'avoir organisé eux même le saccage des bureaux. "A la vue des photos qu’il m’a été donné de voir, je suis quasi sûr que ce ne sont pas des paysans qui ont fait les dégâts car, en colère comme ils le sont après cette association, rien ne serait resté. Par contre, subversifs comme ils le sont, bon nombre d’entre eux ayant été formé à l’école de Trotski ou de Bakounine, il ne serait pas étonnant qu’à des fins de publicité, ils aient en fait eux-mêmes tout organisé".
Après ces faits de vandalisme, Eau & Rivières a évidemment porté plainte mais personne n'a été poursuivi.
Pour aller plus loin : le site de Gérard Borvon, militant écologiste.
En images
Sur la route de Ploudaniel, une inscription sans équivoque : "Eau et rivière à mort".
Le mardi 27 févier au matin, les deux salariés découvrent leurs locaux vandalisés.
Toute la pièce est sans dessus-dessous.
Gérard Borvon, adhérent d'Eau & Rivières, est directement ciblé par un tag.