Le Sdage Loire-Bretagne adopté : insatisfaisant mais essentiel

03 mars 2022
Le Sdage Loire-Bretagne adopté : insatisfaisant mais essentiel

Après 3 ans de travaux, 6 mois de consultation, 6000 contributions et plus de 4000 demandes de modifications le Sdage Loire-Bretagne était soumis, ce matin, au vote du comité de bassin. C'est chose faite, puisque qu'avec 113 voix pour, 43 contre et 16 abstentions, le nouveau Sdage vient d’être adopté.

 

Après 20 ans les résultats ne sont toujours pas là !

Ce nouveau Sdage n'est toujours pas suffisant pour espérer atteindre les objectifs de la Directive Cadre sur l’Eau (objectif de 61 % de masse d'eau en bon état en 2027), alors même qu’en 2019 à peine 32 % des masses d'eau étaient en bon état.

 

Ainsi pour Jean-Yves Piriou (vice-président d’Eau & Rivières et représentant au comité de bassin) « Malgré une bonne mobilisation des acteurs, en particulier en Bretagne, depuis 20 ans, les résultats ne sont pas à la hauteur, il y a toujours autant d’algues vertes sur nos plages, autant de micro-algues toxiques et de bactéries dans nos eaux côtières, autant de molécules de pesticides dans nos rivières et nappes phréatiques, autant de cours d’eau à la morphologie dégradée et à la continuité écologique entravée...»

 

« Depuis 20 ans, les résultats ne sont pas à la hauteur, il y a toujours autant d’algues vertes sur nos plages, autant de micro-algues toxiques et de bactéries dans nos eaux côtières, autant de molécules de pesticides dans nos rivières… ».

 

 

 

Découvrir l'analyse d'Eau & Rivières sur l'état des lieux de 2019


 

Un Sdage peu ambitieux victime de politiques publiques incohérentes

Notre représentant s’est exprimé durant le comité pour alerter sur le fait que « Les Sdage précédents n’ont pas réussi à atteindre les objectifs fixés par la DCE, loin de là. Le Sdage 2022-2027 ne le réussira pas non plus, parce que ce n’est qu’un schéma peu prescriptif et un nain par rapport à tous les autres directives, programmes d’actions à gros budget et règlements de tous niveaux. ».

 

En effet, alors que nous sommes à la dernière étape du calendrier fixé par la Directive cadre sur l’eau pour l’atteinte du bon état écologique, le projet de Sdage 2022-2027 ne réalise pas la rupture stratégique nécessaire pour répondre à ses propres ambitions et ce malgré de timides avancées (protection nappes, microbiologie...). Il reste un document insatisfaisant, au caractère peu prescriptif et marqué par la faiblesse de ses dispositions relatives à la réduction des pollutions diffuses agricoles ou à la réduction des prélèvements. Il en va de même du paradoxe social qui voit les consommateurs d'eau, pollués-payeurs, financer l’essentiel de la dépollution agricole, alors même que les acteurs agricoles sont quasiment exonérés des redevances pollution (toujours pas de redevance sur les engrais azotés). Mr Piriou précisant que :

 

« Certes nous réaffirmons que le Sdage n’est pas assez ambitieux, mais nous sommes aussi conscients qu’il n’est pas le seul acteur concernant le milieu aquatique. »

 

Et il est même peut-être un acteur mineur comparé aux autres directives et règlements européens et nationaux. Il ne peut pas pallier les effets de la Politique Agricole Commune qui tient trop peu compte de l’environnement et qui a un pouvoir budgétaire largement supérieur « ... ». Les règlements nationaux concernant la réduction des pesticides sont laxistes et il n’a pas la possibilité de compenser entièrement ces déficits. »


 

Une consultation qui aura permis quelques améliorations

Contrairement à la consultation de 2015, qui n’avait pas entraîné de modification du Sdage, cette fois-ci les contributions auront au moins permis (quelques) améliorations du document. Pour Jean-Yves Piriou on peut noter « dans le chapitre 1, l’ajout de la notion de bassin versant autour du cours d’eau et d’une disposition pour la restauration du bocage à l’appui des documents d’urbanisme « … » sur la ressource en eau potable définit désormais 67 nappes réservées à l’eau potable en Bretagne... » il note aussi quelques améliorations notables concernant les enjeux du littoral avec « l’ajout de la valeur-guide de 18 mg de nitrate par litre à atteindre dans toutes les eaux superficielles pour lutter contre l’eutrophisation côtière. Une disposition est aussi complétée concernant les bassins versants de marées vertes sur vasières. Les objectifs concernant la restauration des eaux conchylicoles sont améliorés. ».

Lire notre contribution lors de la consultation

 

...Sauf pour le quantitatif : point noir de ce Sdage !

Par contre, nous alertions déjà sur ce recul dans notre contribution durant la consultation mais elle n’aura pas été levé. En effet le chapitre 7 qui aborde la question du partage de la ressource (maîtrise des prélèvements) n’a toujours pas pris la mesure des enjeux. Pour Jean-Yves Piriou « il ne semble toujours pas à la hauteur des enjeux liés au changement climatique, aux économies d’eau indispensables et aux consommations plus sobres, au partage nécessaire de la ressource et aux modifications de modèles économiques pour plus de résilience en fonction de l’eau. » et de dénoncer :

 

«  Ceux qui n’ont eu de cesse de vider ce chapitre 7 de sa substance, avec parfois l’appui injustifié des services de l’Etat, porteront la responsabilité de l’échec de la politique quantitative de l’eau sur notre bassin».


 

Pour Eau & Rivières, s’il faut donc soutenir ce Sdage qui est un document structurant pour la restauration de la qualité de nos rivières, zones humides et de nos eaux littorales il faudrait aller bien plus loin et plus vite. C’est pourquoi l’association a voté favorablement sur ce document mais continue et continuera de critiquer ses défauts et incohérences !

 

Lire la contribution complète de Jean-Yves Piriou

 

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