Méthanisation | Pour un moratoire en Morbihan

26 octobre 2021
Méthanisation | Pour un moratoire en Morbihan

Les méthaniseurs poussent comme des champignons dans le Morbihan mais les risques environnementaux sont énormes et trop peu pris en compte. Le développement de la méthanisation dans le Morbihan interroge les personnes concernées par les nouvelles installations dont Kervignac, Caden, Moréac, Val d’Oust ... Eau & Rivières demande un moratoire au préfet du département.

 

La méthanisation conforte un modèle agricole très intensif et à forte empreinte climatique. Son développement nous fait malheureusement renoncer à une agriculture de retour au sol et à notre autonomie alimentaire. Eau & Rivières de Bretagne vient de communiquer sa demande de moratoire au préfet du Morbihan.

 

La méthanisation : une activité très accidentogène

L’accident de Châteaulin survenu en août 2020 a privé d’eau potable 180 000 habitants pendant plusieurs jours et d’autres accidents ont causé des pollutions de cours d’eau. Ces événements permettent de mettre en lumière les risques sanitaires et environnementaux auxquels le développement de cette activité nous expose.

 

Pourquoi sommes-nous opposés à un développement si important ?

Les principaux arguments qui justifient nos remises en cause de la méthanisation sont les suivants :

  •  l'appauvrissement des sols et l’impact des digestats sur la vie des sols ne sont jamais abordés,

  •  la concurrence prévisible sur des déchets servant d’intrants est occultée, et celle de la concurrence sur le foncier agricole est aujourd’hui avérée,

  • la plupart des installations existantes soutiennent un système agricole intensif hors-sol qui va à l’encontre de l’agroécologie. De plus, beaucoup d’installations existantes demandent rapidement des augmentations, notamment celles exploitant sous le régime de la déclaration.

  • le bilan carbone n’est jamais complet : les fuites de méthane, la faim en carbone des sols et les cultures de CIVE ne sont pas pris en compte. De plus, la méthanisation soutient un système agricole intensif à très forte empreinte carbone en comparaison au système herbager (système auquel on renonce si on développe la méthanisation). Nous rappelons que le GIEC vient de rendre un avis alarmant concernant les GES dont le méthane.

  • les fuites multiples mesurées sur site lors du processus de fabrication, de la distribution et de la combustion du méthane, ainsi que la multiplication des moteurs divers dont la cogénération et les rotations de camions toujours plus nombreuses, imposent la méthanisation en tant qu’énergie carbonée,

  • enfin, elle a le taux de retour énergétique le plus faible des énergies renouvelables, probablement inférieur à 1.

 

937 sites en France, 167 en Bretagne

Lors de la journée technique organisée par notre association début juin 2021, un point a été fait sur le nombre d’installations en France avec un total de 930 sites. La Bretagne à la 1ere place avec 167 unités, suivie par le Grand Est avec 163 unités.

 

Sur la base d'un méthaniseur pour 3 ou 4 communes, on prévoit environ 9 000 méthaniseurs en France à l’horizon 2050

 

La carte de l'Observatoire de l'environnement en Bretagne illustre bien le développement de l'activité qui est d'autant plus préoccupant que certains promoteurs annoncent le nombre de méthaniseur devrait exploser. D’après le directeur du pôle environnement de Solagro, auditionné en avril 2021 par la mission sénatoriale méthanisation : « Sur la base d'un méthaniseur pour 3 ou 4 communes, on prévoit environ 9 000 méthaniseurs en France à l’horizon 2050».

carte méthanisation Bretagne.png

 

Les permis d'exploiter sont délivrés sans information du public ni évaluation environnementale

Actuellement, les dossiers sont souvent présentés par les porteurs de projet sous le régime de la simple déclaration (donc sans information du public, ni étude d'impact), alors même que certains exploitants demandent une extension dans les deux ans qui suivent.

Dès lors, les habitants ne sont pas consultés ni informés. Ce que déplore notre association.

De plus, l'environnement est encore la variable d'ajustement de ces pratiques administratives : les impacts ne sont pas évalués et leurs effets cumulés sont encore plus ignorés..

 

Ce développement est-il conforme au droit européen encadrant les déchets ?

Notre association s'interroge sur la légalité du développement de la filière. Il faut rappeler que le droit européen encadre la production de déchet. Dès lors, à quel moment bascule-t-on d’une logique de traitement de déchet à une logique de production de déchet pour alimenter les méthaniseurs ? Considérant qu’il faut d’abord mettre tous les moyens en œuvre pour les réduire, puis, pour les déchets résiduels prévoir une solution de traitement, la méthanisation n’est donc justifiable qu’après avoir vérifié que tout a été mis en œuvre pour réduire la production (à savoir les effluents d’élevage). On ne peut pas organiser une filière sur la production de déchets.

 

C'est pourquoi notre association sollicite donc :

  • un moratoire immédiat concernant le développement de l’industrie de méthanisation en Morbihan qui doit se traduire par la suspension de l’instruction de nouvelles demandes de création ou d’extension de projets, y compris ceux soumis à déclaration ;

  • de privilégier l’examen des effets cumulés sur l’environnement, qui augmentent avec le nombre de sites autorisés, plutôt que la prise en compte des seuils réglementaires ;

  • une information sur tous les projets de méthanisation quelle que soit la procédure.

 

Pour aller plus loin

Pour vous joindre à notre mobilisation, signez ici notre pétition

Pour prendre connaissance de notre plaidoyer fédéral : STOP méthanisation

 

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