Des milliers de saumons remontent les rivières bretonnes
COMMUNIQUE DE PRESSE
De mémoire de pêcheur, c’est du jamais vu. Des milliers de saumons remontent actuellement les rivières de première catégorie en Bretagne. Sur l’Elorn, la trappe de comptage de Kerhamon explose les scores. Le Scorff et le Leguer regorgent eux aussi de salmonidés.
« Nous avons également observé énormément d’aloses et de civelles », explique Jean Steriou. Malgré le confinement, cet agent de l’OFB fait le tour des rivières bretonnes. Et il vient d’observer un phénomène inédit sur plusieurs affluents de l’Aulne : « La mulette perlière qui fait l’objet d’une d’une attention particulière depuis quelques années a reconquit plusieurs de ses habitats, sur des secteurs où l’on ne l’observait plus depuis la première moitié du XXème siècle. »
« Dans les rivières bretonnes, cela faisait des décennies que l’on n’avait pas observé un tel retour de poissons migrateurs, bénéficiant du calme et de l’arrêt des activités néfastes, pour reprendre leur cycle de vie, sans attendre, depuis l’estuaire jusqu’aux sources. » explique Arnaud Clugery directeur d’Eau et rivières de Bretagne
Quels éléments peuvent expliquer ce retour des poissons dans nos rivières ?
Les mesures de confinement, aujourd’hui indispensables pour permettre aux soignant.e.s de s’organiser face au péril sanitaire que représente pour l’espèce humaine un virus nouveau, échappé de la nature et d’espèces animales malmenées, entraînent des conditions inédites permettant le retour de la nature et d’un environnement plus sain, salutaire, partout.
L’arrêt de la pêche intensive sur les côtes Atlantiques et dans les estuaires, tout comme ailleurs sur le cours des petits fleuves côtiers ou l’on observait beaucoup de braconnage, leur redonne vie.
Les changements importants observés depuis la mise en place du confinement permettent aujourd’hui un retour de la biodiversité et des poissons migrateurs qui viennent frayer (se reproduire) et/ou faire leur vie dans nos rivières.
Les poissons bénéficient ainsi de l’amélioration de la qualité de l’eau des rivières, et de la réduction des pressions et obstacles artificiels, depuis les sources et les zones humides des têtes de bassins versants, jusqu’à l’estuaire et l’océan. Cette amélioration s’observe notamment suite à :
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Un retour à une agriculture agro-écologique paysanne et à l’arrêt des rejets industriels (qui saturaient jusque-là les cours d’eau en effluents organiques et en produits chimiques), ainsi qu’en matière en suspension dans l’eau, du fait notamment de labours faits dans le sens de la pente, sur des parcelles dépourvues de haies et de végétation, laissant dévaler toute la terre labourée dans l’eau.
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Une ré-organisation de notre mode de vie avec une réduction des déchets, où après de premiers réflexes, parfois non-écologiques, liés au confinement et au souhait d’éliminer à tout prix le virus de nos logements, se traduisant d’abord par exemple par des afflux de lingettes désinfectantes dans les stations d’épuration du pays, puis rapidement par le respect de consignes de ne pas engendrer de tels déchets, et par la réduction de polluants comme les bouteilles en plastiques que nous jetions jusque-là un peu partout et finissaient dans nos fleuves et les océans, et donc aussi dans l’estomac et les branchies des poissons.
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Un fort ralentissement de l’industrie et un recentrage sur des productions essentielles, engendrant de moindres prélèvements d’eau pour les process de fabrication et moins de rejets d’effluents industriels dans l’eau, ainsi que dans l’air.
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Une moindre circulation des populations qui a aussi pour conséquence une meilleure gestion de l'assainissement collectif des villes, moins de débordement de réseaux moins de pics dans les villes littorales, les parisiens étants confinés aussi chez eux. Des stations d'épuration réellement adaptées à la population.
L’appel du 1er avril 2020 : créons ensemble le monde d’après
C’est notre santé qui a fait prendre aujourd’hui des décisions drastiques à la plupart des gouvernements sur la planète, clouant les avions au sol et les bateaux au port, restreignant fortement les déplacements et les pollutions associées, entraînant un ralentissement soudain et une relocalisation de fait des activités.
Ces mesures drastiques sont celles qui auraient du être prises depuis longtemps face aux périls écologiques qui menacent l’humanité, bien plus encore que le Coronavirus.
Cet arrêt simultané, sans précédent, de la course folle dans laquelle allait le monde est aujourd’hui une occasion inespérée.
Vous l’aurez compris, le communiqué ci-dessus est un poisson d’avril, mais ce n’est pas une blague.
Nous lançons donc aujourd’hui avec d’autres organisation du mouvement France Nature Environnement, un appel (très sérieux) du 1er avril 2020, pour la nature et l’environnement, ici et ailleurs.
Nous proposons que cet Appel du 1er avril 2020 rejoigne d’autres appels et démarches sur tous les aspects de nos vies, en commençant par la place de la santé, des solidarités et des autres besoins élémentaires et essentiels partout sur la planète.
Nous proposons aussi de travailler ensemble, ici et ailleurs, à un projet citoyen, pour construire «le monde d’après ». Créons, dès aujourd’hui, le monde d’après, solidaire, démocratique, sobre et donc éco-logique ! |