Saint-Gérand, un défilé en fanfare contre l’agro-business
Depuis 2019, le territoire morbihannais subit l’ambition de l’agro-business, notamment sur le plan de la volaille. A Langoëlan en 2018, une demande d’extension de poulailler est déposé pour passer de 30 000 poulets de chair à 120 000 et depuis, d’autres projets sont sortis des cartons : Néant-sur-Yvel (192 000 poulets), Plaudren (178 800 poulets).
Un modèle agricole dépendant des terres éloignées
Ces animaux élevés exclusivement en bâtiment plongent le modèle agricole dans une dépendance aux terres agricoles très éloignées de notre territoire pour, à la fois, produire l’aliment de ces troupeaux, d’où la déforestation de la forêt du Brésil, et pour traiter les déjections de tous ces animaux, les composter et les épandre sur des terres en Beauce par exemple.
Un modèle agricole aux risques sanitaires élevés
Ces animaux élevés exclusivement en bâtiment plongent également le modèle agricole dans une consommation importante de produits pharmaceutiques (produits chimiques) pour éviter les épidémies qui se développent comme une traînée de poudre dans de tels élevages. Cette pratique agricole d’intensification à outrance pose également la question de la protection sanitaire des populations en général. Pour rappel, le sud ouest de la France en fin 2020 - début 2021 a essuyé un nouvel épisode d’Influenza aviaire qui a infligé la nouvelle destruction de milliers de canards. Cette épidémie s’est elle-même propagée à travers le monde. C’est le scenario classique d’une épidémie…. Sur ce sujet de pandémie, fichtrement actuel, le rapport de l’IPBES souligne que l’effondrement de la biodiversité rapprochant si étroitement les élevages et les humains favorisent le développement des bactéries et virus ainsi que leur circulation.
« Il n’y a pas de grand mystère sur la cause de la pandémie de COVID-19, ou de toute autre pandémie moderne. Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts sur notre environnement, du risque de pandémie. Les changements dans la manière dont nous utilisons les terres, l’expansion et l’intensification de l’agriculture, ainsi que le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune sauvage, le bétail, les agents pathogènes et les êtres humains. C’est un chemin qui conduit droit aux pandémies. »
Dr. Peter Daszak, président de EcoHealth Alliance et de l’atelier d’IPBES.
- Pour accéder au rapport complet et à sa synthèse, les deux en anglais.
- Site de l'IPBES
Un message clair : la transition agricole
Le message des militants est clairement celui d’abandonner les fermes-usines et les systèmes hors-sol et de demander aux pouvoirs publics (Région Bretagne et Etat) de réserver les financements publics et le soutien de la transition agricole vers des pratiques agro-écologiques. France Relance, nouvelle PAC…, ne serait-ce pas l’aubaine pour changer de braquet ?
400 militants selon les opposants ou 1000 selon les organisateurs ont joyeusement défilés depuis le bourg de Saint Gérand jusqu’à l‘entrée d’une entreprise agro-alimentaire qui conclut des accords cadres avec les producteurs de volailles (vente des aliments et rachat des poulets….). Comme le sloggan le scande, "l’agrobusiness ne nourrit par le monde, elle le pourrit !"