Présentation partielle de l'extension d'élevage [05/07/2016]
Présenter une demande d'extension d'élevage est une chose courante pour certains exploitants agricoles, en présenter deux quasi simultanément l'est certainement moins. C'est pourtant l'exercice auquel les exploitants de la SCEA de la Haute Houssais se sont prêtés. Cette exploitation située sur la commune de Guitté en Côtes d'Armor voit son projet d'extension d'élevage porcin actuellement soumis à enquête publique. À la lecture du rapport présenté, on y découvre qu'elle est fortement liée à une autre structure, l'EARL Dartois Guy. Pourtant, les exploitants sont les mêmes. Une situation qui pose question, d'autant plus que cette dernière a également fait l'objet d'une consultation du public entre novembre et décembre dernier pour une augmentation de ses effectifs (+ 1100 Animaux équivalent (AE)). Si l'on réunit les deux dossiers, c'est donc une augmentation de 4424 AE dont il est question. Une pirouette administrative qui ne facilite pas la compréhension globale du projet par le public.
D'autre part, le dossier d'étude d'impact présenté par la SCEA présente quelques insuffisances substantielles. L'air entrant dans les bâtiments d'élevage est filtré pour garantir la santé des animaux. Une précaution qui n'est pas évoquée pour l'air vicié sortant des bâtiments d'élevage. Quid des poussières (et de ce qu'elle transportent) ou de l'ammoniac sur les populations alentour? L'ammoniac dans l'air, un élement insuffisament examiné dans le dossier : pas d'évaluation des quantités rejetées dans l'air par l'élevage, donc impossible de savoir les quantités qui retombent au sol. Un manque d'autant plus inquiétant que l'exploitation se situe sur le bassin versant de la Rance, territoire sensible à l'eutrophisation de ses eaux et au développement des cyanobactéries.
Enfin, que dire du plan d'épandage avec des parcelles, pour certaines situées à plus de 10 km du site d'exploitation? Des zones d'exclusion d'épandage (liées aux habitations, aux points d'eau...) rendent d'ailleurs une partie d'entre elles difficilement "épandables".
Eau & Rivières a relevé ces insuffisances et en a fait part au commissaire enquêteur. Reste à savoir ce qu'il en conclura.