Notre association a été informée d’un remblai en cours sur une zone humide de Portsall sur la commune de Ploudalmézeau. Les faits datent de fin avril, début mai : toute la terre arable d’une parcelle avait été retirée puis poussée en bordure, venant presque à boucher le ruisseau permanent qui la longe. Ces travaux se sont déroulés dans le cadre de la création d’un parking, en lien avec la rénovation-extension du complexe sportif du Coum et du collège sur lequel l’exutoire eaux pluviales vient s’insérer dans le ruisseau. Il y aura donc inévitablement eu en amont de ces travaux un dossier « loi sur l’eau » qui aura été expertisé et validé ou non par la Direction départementale des territoires et de la mer !

La règle interdit d'aménager, changeons la règle !

Cette zone est identifiée et connue depuis toujours comme humide par les riverains, elle est intégralement bordée par un cours d’eau permanent. Le PLU validé de la commune ne semble pourtant pas l’avoir identifiée comme zone humide alors que l’ensemble des parcelles attenantes au même ruisseau en amont de la rue de la gare le sont. Et pour cause, le règlement du PLU stipule que « Dans toutes les zones du PLU, toute occupation ou utilisation du sol, ainsi que tout aménagement même extérieur à la zone, susceptible de compromettre l’existence, la qualité, l’équilibre hydraulique et biologique des zones humides est strictement interdit, notamment toute construction, tout affouillement et exhaussement du sol, sauf exception motivée. Dans ces cas, des mesures compensatoires doivent être prévues ». Le conseil municipal de Ploudalmézeau avait donc demandé en 2020 la modification du PLU, ceci afin de pouvoir construire le parking. Cette demande n’a jamais été validée et la Mission régionale d’autorité environnementale, intervenue fin 2020, avait demandé une évaluation environnementale « considérant que le projet de parking bordant le chemin du Coum, actuellement en zone N, sera réalisé sur une prairie permanente bordée d’un ruisseau se jetant à 550 mètres en aval dans l’anse de Portsall en zone Natura 2000, qu’il constituera une rupture de la trame verte et bleue au sein de la dite zone N où une zone humide identifiée en aval pourrait voir sa fonctionnalité altérée, et que le dossier ne démontre pas que ce projet n’aura pas d’incidence notable sur la qualité des eaux et l’environnement ». La zone est donc toujours administrativement classée en zone N, le PLU de la commune y interdisant explicitement « les affouillements et exhaussements du sol, non liés à une autorisation d’urbanisme. »

Les zones humides nous rendent pourtant bien des services : épuration de l'eau, régulation des débits d'eau (infiltration lors de fortes pluviométrie et restitution en cas de sécheresse), réservoir de biodiversité (plantes spécifiques, amphibiens, insectes spécifiques dont des papillons, libellules, etc...oiseaux, chauve-souris..et bien d'autres encore). Ces milieux naturels sont donc nos meilleurs atouts pour la gestion durable de l'eau tant sur les plans qualitatifs que quantitatifs. Et ce sont nos meilleures structures naturelles pour lutter contre les effets du dérèglement climatique.

Nul n’est censé ignorer la loi...

Là où l’affaire devient encore plus intéressante et exemplaire, c’est quand on sait qui est maire de Ploudalmézeau… Mme Lamour, maire depuis 2001, conseillère départementale depuis 2015, députée durant deux mandats est aussi… l’actuelle présidente du Syndicat Mixte des eaux du Bas Léon, structure porteuse du Sage Bas-Léon ! Laquelle a bien évidemment identifié les zones humides comme un enjeu important de son action au chevet de l'eau et des milieux aquatiques.

Eau & Rivières de Bretagne a donc déposé plainte pour le cas d’école que constitue cette dégradation de zone humide

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