De Madagascar aux Sept îles, itinéraire de Francis Nativel, le nouveau président d’Eau & Rivières de Bretagne.

 

« Ma seule motivation, c’est d’être utile », expose sans ambage Francis Nativel, le tout nouveau président d’Eau & Rivières de Bretagne.

Premier costarmoricain élu à cette fonction, il est très attaché à la Côte de granit rose, en particulier aux Sept-Îles. Mais c’en est une autre qui l’a vu grandir.

 

« Je suis né sur les hauts plateaux de Madagascar. La faune et la flore endémiques, la forêt, les énormes caméléons et les lémuriens… Ça a marqué mon identité, fondé mon respect de la biodiversité », se confie le quasi septuagénaire.

Sa famille rejoint la France, la région parisienne, et choisit Perros-Guirec comme pied-à-terre estival. « Mes parents m’ont très vite éveillé à l’écologie politique », annonce Francis en citant Rachel Carson, l’autrice du Printemps silencieux en 1962, livre précurseur du mouvement écologiste. Dix ans plus tard, il est également marqué par le rapport du club de Rome, « un choc pour nous qui vivions dans l’insouciance des trente glorieuses ».

 

« Je n’ai pas honte de ma carrière »

 

Après ses classes prépa, à Rennes, Francis intègre ce qui est devenu Agro Paris Tech et se spécialise dans l’industrie lourde qui l’a toujours fasciné. Il dédie toute sa carrière au raffinage à l’Institut français du pétrole puis dans sa filiale, la société Axens. Un contre-sens écologique ? « C’est un peu difficile à porter maintenant, mais j’ai essayé dans tout ma carrière de prendre en compte le respect des règles environnementales dès le chiffrage des projets, de faire attention dans le choix des sites, de minimiser l’impact des pollutions générées, de veiller à la qualité des produits pour réduire l’exposition aux maladies respiratoires, de servir vraiment l’intérêt des pays et des populations. J’ai géré des projets importants mais je suis loin de certains pétroliers, prédateurs sans scrupules. »

 

Martinique, Amérique du Sud, États-Unis, Asie du Sud-Est, Afrique, Asie Centrale, Corée, Irak… Francis a les passeports bien remplis quand il prend sa retraite et s’installe pour de bon à Perros. De sa carrière, il garde l’allant et la tenue.

 

En 2018, il assiste avec Mariig, son épouse, à sa première assemblée générale d’Eau & Rivières de Bretagne. Dominique Le Goux, animatrice de la vie associative des Côtes d’Armor, lui propose ensuite de devenir représentant de l’association au Coderst, le Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques, qui émet des avis consultatifs sur les installations classées. « J’ai découvert un nouveau monde. C’est la première fois que j’assistais à ce type d’échanges avec les services de l’État. En Côtes d’Armor, le dialogue est ouvert. Avec les autres associations agrées, nous posons beaucoup de questions et sommes souvent amenés à voter contre les dossiers qui vont à l’encontre des causes que nous défendons mais la parole nous est laissée. C’est le signe d’une certaine transparence de l’État, malgré tout... »

 

Séance de travail avec Arnaud Clugery, directeur et porte-parole de l'association.

 

Francis Nativel intègre donc naturellement le directoire Risques impacts industriels de France nature environnement (FNE), fédération dont est membre Eau & Rivières. Il est également administrateur pour le compte de FNE de l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris). Et comme il a encore du temps libre, il s’investit localement à l’Unam : « On se bat pour la sauvegarde du patrimoine bâti et naturel de Ploumanac’h ». Navigateur, il donne aussi de son temps sur les vieux gréements de l’association Ar Jentilez ou encore à ArmorScience, qui organise régulièrement des conférences et des expositions scientifiques…

 

 

« C’est dramatique ce qui nous arrive »

 

Fort de toutes ces expériences associatives et professionnelles, il s’est porté candidat à la présidence d’Eau & Rivières. Sa feuille de route ? La mise en œuvre du projet stratégique 2023 – 2027 et une attention particulière qu’il portera aux effets du changement climatique, à la pollution par les plastiques, à la qualité de l’eau. « Je m’intéresse beaucoup aux effets négatifs des intrants issus de la pétrochimie, aux pesticides, à la vie des sols qui s’appauvrit, à la biodiversité qui s’éteint peu à peu. C’est dramatique ce qui nous arrive.. »

 

Mais pas d’éco-anxiété ou de résignation. Francis veut être utile pour la nature bretonne qu’il affectionne tant, aux côtés de l’ensemble du conseil d’administration, des bénévoles et des salariés : « J’ai encore suffisamment d’énergie pour mener des combats ! ».

 

Nouveau bureau, nouveau CA   Francis Nativel est à la tête d’un tout nouveau conseil d’administration et d’un bureau, élu récemment. Christophe Le Visage, de Porspoder, est désormais le vice-président de l’association. Nicolas Forray, de Fouesnant, assure la mission de secrétaire général, suppléé par Antoine Lauginie, de Douarnenez. Pierre Loisel et Rozenn Perrot sont respectivement trésorier et trésorière adjointe.

 

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