Pollution de l’Elorn : deux poids deux mesures ?
Depuis quelques jours, une pollution fait parler d’elle à Landerneau. En cause une fuite sur le réseau d’eaux usées pollutions sur laquelle les équipes d’Eau du ponant travaillent activement depuis plusieurs jours. La FDSEA dénonce sur les réseaux sociaux l’absence de « réaction des associations environnementales… très réactives pour attaquer l'agriculture, apparemment plus silencieuses lorsqu'il s'agit de dénoncer les atteintes à l'environnement ».
C’est un promeneur qui, jeudi 24 août au soir, a signalé l’écoulement d’eaux usées dans l’Elorn, entre les pierres du quai, de part et d’autre du pont de Caernarfon. Les doutes ont pu être confirmés visuellement vendredi matin et, après alerte immédiate au réseau (Etat, collectivité, ARS, conchyliculteurs, …), les pompiers ainsi que les techniciens d’Eau du Ponant étaient sur place pour poser un barrage dans l’eau pour limiter la propagation de la pollution en surface et tenter de localiser la fuite dans un contexte rendu très délicat par les nombreuses conduites d’eau et de gaz présentes. Malgré leur engagement total, qui s’est poursuivi tardivement vendredi et tout le week-end, ils sont toujours à la recherche de l’emplacement exact de la fuite et des sondages restent en cours à Landerneau près du Family et au niveau du parc urbain. Le tronçon fuyard a néanmoins pu être isolé par by-pass afin de concentrer toutes les eaux usées vers une conduite fonctionnelle. Si la quantité écoulée est difficile à évaluer, l’impact milieu est faible puisque « les constats effectués par l’Office français de la biodiversité ont confirmé l’absence de mortalité piscicole. Les résultats d’analyse concluent à une conformité de la qualité des eaux au-delà de 300 mètres du point de fuite » selon la Préfecture.
Timing étonnant ce lundi 28 août en fin d’après midi, au moment même où la FDSEA du Finistère s’agitait sur les réseaux sociaux en dénonçant l’absence de « réaction des associations environnementales… très réactives pour attaquer l'agriculture, apparemment plus silencieuses lorsqu'il s'agit de dénoncer les atteintes à l'environnement », les sentinelles associatives de l'AAPPMA de l'Elorn étaient informées d'une pollution en cours sur le Justiçou, affluent de l'Elorn et du déclenchement des alarmes de l'usine de production d’eau potable de Pont ar Bled. L’explication, un taux anormal de 1,2 mg/l de NH4 au point de pompage qui a conduit l’opérateur Eau du ponant - encore lui - à couper à titre préventif l’alimentation en eau potable depuis Pont ar Bled et à solliciter l’interconnexion avec le Bas-Léon. La station a été remise en fonction dans la nuit vers 22 h 30. La pollution viendrait d’une défaillance au niveau de la station d’épuration d’un élevage porcin de Plounéventer, dont le système d’alarme ne se serait pas déclenché. L’écoulement de lisier dans le Justiçou – un affluent de l’Elorn - aurait perduré pendant plusieurs heures. Les premiers constats de terrain réalisés par l’AAPPMA de l’Elorn font état d’une « mortalité totale des poissons, sur les 6,875 km du cours d’eau, entre l’origine de la pollution et Plouédern ».
Alors en effet, il y a bien deux poids deux mesures. Pas celles que semble sous-entendre le syndicalisme majoritaire finistérien qu’on laissera à ses théories complotistes... Deux poids car la charge polluante d’une fuite de quelques m³ d’eaux usées urbaines n’est absolument comparable à celle d’un déversement massif et brutal de lisier. Deux mesures car la chaîne d’alerte et les moyens humains et techniques mobilisés par l’opérateur public de l’assainissement pour le compte de la CAPLD sont sans commune mesure avec la légèreté avec laquelle le risque industriel est pris en compte par les tenants du productivisme agricole. Pour autant, Eau & Rivières de Bretagne déposera plainte sur ces deux pollutions de l’Elorn.