Un pompage d’eau illégal sanctionné après notre plainte
En novembre 2023, nous avions déposé plainte contre le producteur de fleurs Kaandorp qui pompe illégalement de l'eau dans l'étang de Saint-Vio qui se trouve dans une zone naturelle protégée. Le préfet du Finistère vient de lui imposer des sanctions financières.
Depuis des années, le producteur de fleurs Kaandorp, installé à Plomeur (29) depuis 1980, pompe illégalement de l’eau dans l’étang de Saint-Vio. En 2012, le Conservatoire du littoral, propriétaire de l’étang, avait sommé l’entreprise de déposer un dossier autorisation de prélèvement pour régulariser sa situation. Sans réponse. L’année d’après, le Conservatoire avait commandé une étude hydro-écologique qui dénonçait les dégâts provoqués par ce pompage sur le milieu naturel. En effet, la baie d’Audierne, classée Natura 2000, se situe en aval de l’étang. 530 ha de zones humides, les plus grands étangs naturels du Finistère, ainsi que des milliers d’espèces animales et végétales s’y trouvent.
Le pompage se fait au printemps et, au regard des volumes d’eau prélevés (entre 70 000 et 146 000 m3 par an déclarés à la BNPE), la réduction du volume d’eau douce disponible se traduit par une importante perte de surface de plan d’eau et conduit à un assèchement précoce du milieu. Grâce au suivi satellitaire Copernicus de l’Union européenne qui permet de suivre, mois par mois, l’évolution du territoire depuis 2017, nous avons pu comparer l’évolution des surfaces de plusieurs étangs de la baie, donc l’étang de Loch ar Stang, en partie alimenté par l’étang de Saint-Vio. Résultat : les étangs de Trunvel et de Kergalen, qui ne subissent pas de prélèvement agricole à l’amont, ne présentent aucun assec, alors que l’étang de Loch ar Stang est régulièrement à sec et ce dès le mois d’avril !
Le 3 mars 2023, le préfet du Finistère a mis en demeure l’EARL Kandorrp de déposer un dossier de demande de prélèvement. Le 28 novembre 2023, Eau & Rivières de Bretagne a déposé une plainte contre elle, et Bretagne Vivante en a fait du même peu après. Nous avons relancé le préfet sur le dossier en juillet 2024 et ce dernier a décidé d’imposer, depuis le 8 octobre, des sanctions financières : 250 euros par jour « jusqu’au dépôt d’un dossier de déclaration complet et régulier ». L’entreprise a deux choix pour que cessent les pénalités : réaliser une étude d’impact sur le milieu pour déposer sa demande et se conformer à la réglementation, ou démonter le matériel de pompage et le réseau d’irrigation. L’exploitant dénonce une écologie punitive et des lourdeurs administratives, mais c’est lui qui a choisi d’ignorer, pendant 12 ans, les rappels à l’ordre et de dégrader volontairement des écosystèmes protégés. Sans action rapide de sa part, nous déposerons une plainte auprès de la Commission européenne, en nous appuyant sur les données Copernicus pour prouver l’impact délétère du pompage sur les zones humides.