Consultation sur l'eau | Entretien avec... Benoît Biteau
Dans le cadre de la consultation sur les grands enjeux de l'eau Eau & Rivières de Bretagne a échangé avec des acteurs du territoire.
Aujourd'hui retour sur notre conversation avec Benoît BITEAU concernant la problématique de la protection et la restauration des milieux aquatiques des sources à la mer.
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Entretien avec...
...Benoît Biteau : Président
du Forum des marais atlantiques (FMA) et éleveur
Eau & Rivières de Bretagne : Pouvez-vous nous présenter votre structure et vos actions ?
Benoît BITEAU : Le Forum des Marais Atlantiques est un des 5 pôles relais nationaux pour les zones humides. Notre action s’étend sur la frange Atlantique, la mer du Nord et la Manche. On travaille avec les acteurs locaux (département du Finistère, Conseil Régional…) sur des sujets comme les inventaires zones humides, la protection dans les documents d’urbanisme, la restauration des zones humides, la question des friches...
Notre rôle est de mutualiser les compétences et d’harmoniser les connaissances. (…). Un forum dans la définition c’est bien ça, c’est de la coopération, de l’échange, de la mutualisation, on est le Forum des acteurs des zones humides.
ERB : Quelle analyse faites-vous des mesures du SDAGE en cours pour la protection des milieux aquatiques (zones humides, têtes de bassin-versant...) ?
BB : Il faut remettre ce document dans le contexte financier actuel. En effet, la logique qui prévalait jusqu’à présent « l’eau paye l’eau » est battue en brèche par de nouveaux prélèvements qui vont servir à financer d’autres secteurs, ce qui risque d’accentuer les choix financiers actuels qui favorisent les mesures curatives au détriment de la protection à la source. Au-delà des zones humides, qui en sont aussi les victimes, et si ce programme est plus ambitieux que le précédent, on est encore trop dans des logiques curatives de fuite en avant en voulant traiter les conséquences plutôt que les causes.
Sur le changement climatique, les solutions proposées notamment sur la gestion quantitative (stockage de l’eau en hiver pour irriguer en été) ne vont que permettre au système agricole dominant de perdurer. Par exemple, le fait de ne plus sortir les bêtes au pâturage mais de les nourrir avec du maïs cultivé (parfois en zone humide!), alors que l’on connaît les conséquences de ces pratiques sur l’environnement (contribution à l’effet de serre, import de soja OGM, irrigation..). Si on était dans des logiques d’anticipation du changement climatique, on reviendrait sur un fondamental aussi évident qu’est le pâturage extensif en zone humide.
Prenons un autre exemple : une masse d’eau stockée sur une zone humide efface en 48 h, 50 % des polluants qu’elle réceptionne ! Les zones humides ont d’autres fonctions essentielles : séquestration du carbone, refuge de biodiversité, amélioration de la qualité de l’air, limitation des crues, zone de respiration dans le paysage….
Avec cette connaissance objective, on aurait pu imaginer que ce dernier programme soit orienté vers des logiques de prévention. La réalité est tout autre. Les budgets sont de plus en plus orientés vers le petit cycle de l’eau. Et cela risque de s’aggraver car le budget est revu à la baisse. Pour contrer ces intérêts il faudrait que, dans les instances de décision, les usagers soient représentés à leur juste place.
ERB : Quel est votre regard sur la compensation ?
BB : La compensation ne doit intervenir que dans le cadre de la séquence « Éviter / Réduire / Compenser » et en dernier recours quand tout a été mis en œuvre pour éviter et réduire l’impact du projet. En réalité l’évitement et la réduction sont les parents pauvres de cette séquence. Ce qui est d’autant plus dommageable quand on sait que 50 % des zones humides ont disparues depuis le siècle dernier.
Une fois ce fait établi, est-ce qu’on doit laisser les porteurs de projet aux mains d’acteurs qui font de la financiarisation de l’écologie ? Nous pouvons accompagner les porteurs de projet, ce qui nous permet d’avoir un suivi des mesures réalisées. Le constat est mitigé. Si certains sites donnent des résultats ce n’est pas le cas pour tous ; la nature est décidément bien difficile à mettre au pas ! Ce qui confirme qu’il faut mettre l’accent sur l’évitement et la réduction avant d’appuyer sur le bouton compensation. Malheureusement les porteurs de projets sont trop focalisés sur la compensation.
Exigeons que le prochain SDAGE impose que les projets ne puissent être mis en œuvre qu’une fois la compensation aboutie! Cela donnerait des contraintes supplémentaires qui favoriseraient la réflexion pour les autres mesures. Penser que la compensation est la réponse unique et universelle est illusoire. De grâce travaillons sur l’évitement et la réduction !
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