Crédit photo M. CHANEL

Le plan Écophyto de réduction des pesticides, tout comme le plan de sortie du glyphosate, est doté depuis décembre 2018 d’un Préfet coordonnateur. Dans le cadre de sa tournée des régions, celui-ci faisait étape en Bretagne ; l’occasion de regarder de plus près le bilan des actions régionales de réduction de l’usage des pesticides et de leurs résultats.

La Bretagne ne fait pas exception ; chez nous non plus pas de baisse de l’usage des pesticides… Les quantités de substances actives vendues ont d’ailleurs augmenté ; passant de 2391 tonnes de substances actives vendues en 2017 à 2911 tonnes en 2018 (soit une augmentation de 21%!). Une augmentation à nuancer toutefois, puisque 2018 est la première année où les pesticides utilisés pour lespesticides utilisés dans les traitements de semences sont comptabilisés dans ce total. La vision de 2018 est donc une version plus complète des ventes que les années précédentes.

Le glyphosate reste un produit très privilégié par les usagers puisque ses ventes ont augmenté de 19 % entre 2017 et 2018 en Bretagne. À noter que cette période, le glyphosate était toujours accessible aux particuliers.

QSA = Quantité de substances actives (en tonnes) - NODU = Nombre de doses unités

Parmi les autres enseignements de ce bilan, une contamination toujours importante de nos cours d’eau par de nombreux pesticides et leurs molécules de dégradation. En témoigne le réseau CORPEP qui suit la qualité de 10 rivières bretonnes sur le paramètre pesticides. Certaines molécules sont quasiment omniprésentes dans les échantillons, flirtant avec 100 % fréquences de quantifications !

Fréquence de quantifiaction (en %) des molécules les plus fréquemment retrouvées dans les 10 cours d'eau bretons du réseau CORPEP

Même si le Préfet Bisch convient que les résultats ne sont pas au rendez-vous, il soutient le choix fait de poursuivre le plan Ecophyto dans une version II + basée, comme les précédentes versions, sur la base du volontariat et du travail de groupe.

Quelques expériences montrent que les alternatives sont possibles et déjà mises à l’œuvre, avec réussite, dans notre région. Les fermes du réseau DEPHY et des réseaux 30 000 en sont de bons exemples, tout comme les 351 communes bretonnes se passant complètement de pesticides (soit environ 30 % de nos communes).

Eau & Rivières a rappelé lors de cette commission que nous souhaitions voir une sortie rapide de l’usage des pesticides et ce, pour tous les utilisateurs (agrciulteurs, gestionnaire de route ou voie ferré, entreprise du paysage). Nous avons souligné le fait que les distances d'épandage à  proximité des lieux habités ne devaient pas être vues comme une contrainte mais bien comme une opportunité de cultiver ces espaces différemment. Nous avons défendu notre souhait d'avoir une agriculture viable sur notre territoire. Nous avons enfin fait part de notre impatience à voir des résultats tangibles sur la diminution de l’usage des pesticides, indispensable pour la qualité des milieux et de la santé.

L’attente sociétale forte sur cette question est entendue, reste maintenant à obtenir des résultats. Le Préfet coordonnateur dans ses interventions a rappelé que la réduction des pesticides « devenait un peu pressée. C’était déjà pressé, il y a 10 ans ».

Il a conclu cette commission par « L’étape qui vient est celle où nous devons être performants ». Une vision que nous partageons : il est plus que temps de passer la seconde pour atteindre, comme nous le soutenons, la fin de l'usage pesticides au plus tard dans les 5 ans !