Etang ou panneaux photovoltaïques ?
A deux reprises ces dernières semaines (le 14 octobre dans le Télégramme puis le 12 novembre dans Ouest-France), André Talarmin, président de Pays d’Iroise Communauté, s’est exprimé sur l’éventualité d’un recouvrement à venir du Lac de Lanneon par des panneaux solaires flottants dans le cadre d’un appel à projets lancé par Pays d’Iroise Communauté. Situé entre Plouarzel et Lanrivoaré, ce plan d’eau d’une quinzaine d’hectares est un vestige de l’extraction de l’étain par la Comiren.
Dans le cadre du plan climat-air-énergie territorial (PCAET), l’ambition de la collectivité serait d’accélérer la transition énergétique sur le secteur en diversifiant, après l’éolien la production d’énergies renouvelables avec du solaire photovoltaïque. Quatre sociétés spécialisées se seraient d’ores et déjà montrées intéressées pour lancer des études de faisabilité.
Si nous reconnaissons qe ce projet pourrait produire de l’énergie décarbonée susceptible de préserver les terres agricoles en occupant le site d’une ancienne carrière, les affirmations de Mr Talarmin méritent quelques compléments :
« Une nécessaire transition énergétique »
Moins de carbone et moins de nucléaire ! Nous partageons bien entendu les objectifs affichés dans la loi de transition énergétique d’atteindre les 32 % de production verte en 2030. Ceci étant, avant de savoir si tel ou tel lac doit être équipé sur tout ou partie de sa surface et comment les porteurs de projets compenseraient les éventuelles atteintes à l’environnement, l’évitement reste évidemment la toute première étape. En ce sens, la connaissance du potentiel du territoire, en équipement du bâti notamment, est un préalable incontournable avant toute prise de décision quelle qu’elle soit. Cette investigation, déjà effleurée lors de l’élaboration du PCAET, devait d’ailleurs être poussée sur la période 2020-2022.
« Pas de grande valeur environnementale »
Quelles sont les études et inventaires naturalistes qui fondent le raisonnement de Mr Talarmin selon lequel ce plan d’eau n’aurait pas de grande valeur environnementale ? Cette affirmation semble pour le moins en contradiction avec les nombreuses données naturalistes des militants associatifs et mériterait a minima d’être étayée.
« Pas de conflit d’usage »
Là encore, avant de l’affirmer, il serait pertinent que soit analysés les effets cumulés des derniers changements de vocation des plans d’eau situés le long de l’Ildut. Quiconque fréquente le secteur aura en effet pu constater que les étangs de la Comiren et de Ty Colo ont quelque peu changé d’affectation depuis les travaux de contournement et l’installation de loisirs nautiques. Maintenir un espace de quiétude pour la faune, notamment avicole, apparaît pour le moins pertinent et une stratégie globale en matière de biodiversité aquatique sur le bassin versant mériterait d’être affirmée, y compris avec les collectivités voisines.
« Nous voulons associer au projet »
Dont acte. Avec les riverains et les propriétaires fonciers c’est très bien. Rappelons à Mr Talarmin qu’il a reçu un courrier des associations de protection de l’environnement (Eau & Rivières, Bretagne vivante, Avenir et Environnement en Pays d’Iroise et Association pour la protection de la Côte des légendes) suite au premier article paru dans la presse. Ce courrier se terminait ainsi « Soucieux de pouvoir en débattre sereinement, nous souhaitons permettre aux élus et à la population de faire, en conscience, les choix qui s’imposent face aux différents enjeux qui se présentent à nous. Pour cela, il est impératif que soient portés au débat l’ensemble des éléments utiles à la mise en œuvre d’une réelle stratégie de transition énergétique du territoire. Car c’est uniquement ainsi que nous pourrons avancer en confiance, élus, citoyens, associations et porteurs de projet. ». Depuis une deuxième intervention dans la presse locale. Nos courriers ont dû se croiser...