Le procès de la mafia de la civelle à Nantes
Cette semaine, jusqu'au vendredi 7 décembre, se tient une audience particulière au tribunal de grande instance des Nantes. Les juges devront entendre des trafiquants de civelles (l’alevin de l’anguille, Anguilla anguilla). En 2016, lors d’une opération conjointe entre les services de l’État (l’Agence française pour la biodiversité, les Affaires maritimes, la Gendarmerie nationale et l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique), un important trafic de civelle entre le territoire de la Loire Atlantique et le Pays Basque sud a été démantelé.
La pression de pêche exercée par le trafic illicite est de plus en plus importante dans l'estuaire de la Loire
Au cours de l’année 2016, 10 personnes de Loire-Atlantique ont procédé a des opérations de pêche et de vente illicites de civelles de blanchiment d’argent et de travail dissimulé. Les opérations de pêches non déclarées dans l’estuaire de la Loire ont contribué a aggraver la situation d’une espèce dont l’existence est déjà menacée. Il faut rappeler que l’anguille est une espèce classée à l’annexe II de la convention de Washington du 3 mars 1973, dite CITES, et sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
La pression de pêche exercée par le trafic illicite est de plus en plus importante sur ce secteur. A lui seul l’estuaire de la Loire représente près de 50 % de la production nationale de civelles. La raréfaction de l’espèce entraîne une montée en flèches des prix. Peu consommé en France, la civelle (ou pibale) est un plat de luxe très apprécié sur la côte septentrionale espagnole, le kilo pouvant atteindre le millier d’euros. Pire encore, après un envoi par avion, le kilo peut atteindre les 2.000 euros en Asie où la population d’anguille est pratiquement éteinte.
En France, seuls les professionnels déclarés peuvent pêcher la civelle en se soumettant à un respect strict des quotas, des périodes de pêche et des engins utilisés.
Plusieurs associations de protection de l'environnement parties civiles
Comme d'autres associations de protection de l'environnement, Eau & Rivières de Bretagne se constitue partie civile cette semaine devant le tribunal afin de réparer son préjudice et soutenir les services de l’État. Le trafic d’espèces protégées est le troisième trafic illégal le plus lucratif à l’échelle mondiale après les drogues et les armes. L'association soutiendra une réponse forte des tribunaux face à de tels agissements.