Non à l'usine à 120 000 poulets de Langoëlan, un projet du passé
Actuellement, un projet de construction d’une unité de production avicole gigantesque est en enquête publique sur la commune de Langoëlan : un poulailler d’une capacité de 120 000 emplacements de volailles de chair.
Une réunion publique était organisée mardi 16 juillet, à la mairie de Langoëlan par la commissaire-enquêtrice. Plus de 200 personnes y ont participé, dont plusieurs membres d'Eau & Rivières de Bretagne. Notre association remercie chaleureusement la Confédération paysanne pour avoir tant fédérer les opposants au projet.
Nous vous remettons ici en OFF, notre compte-rendu pour que vous puissiez (re)vivre cette soirée très intense, merci à Isabelle pour ce super travail !!
Les documents du porteur de projet et les observations sont disponibles sur le site de la Préfecture du Morbihan.
L’enquête publique est ouverte jusqu’au 29 juillet. Chacun peut donc déposer jusqu’à cette date toutes ses observations et propositions et les adresser à :
Madame la Commissaire-enquêtrice
Mairie de Langoëlan
44, rue Duchelas
56160 Langoëlan
206 avis sont d'ores-et-déjà consultables sur le site de la préfecture, n’hésitez pas à déposer le votre !
L'avis d'Eau et Rivières de Bretagne
Jean-Yves et Lylian ont analysé le dossier et rédigé chacun une déposition en fonction de leur fibre personnelle
- Jean-Yves Bouglouan, notre représentation à la Commission Locale de l'Eau du SAGE Scorff : déposition axée sur les carences du dossier en matière d'impacts sur l'eau (quantité, qualité, bassin versant et pollutions diffuses)
Un autre avis d'un citoyen très impliqué nous a remis une déposition très étayée sur le droit de l'environnement. Il nous a permis de la poster sur Internet pour qu'elle vous serve, n'hésitez donc pas !
Volet économique
- Le risque financier porté par les seuls producteurs ;
- Ce projet de 4 400 m² de poulailler (4 bandes de 22 000 places) représente un investissement de 1,4 millions €, la région Bretagne abonde 3 % (soit 50 000 €) selon le plan d’aide à la construction des bâtiments et Sanders subventionne pour ce même montant. Les pétitionnaires supporteront donc à eux seuls 94 % de l’investissement de ce projet ;
- La dépendance totale au groupe Sanders qui fournit les aliments et rachète la production... Une seule entreprise détient les deux bouts de la marge de l’exploitation : l’aliment et la vente. Les porteurs de projets seront pieds et poings liés à leur fournisseur-acheteur de leur production alors que ce dernier ne prendra aucun risque financier.
Alors que d’autres alternatives sont possibles. En effet, un sondage Ifop de 2018 rapporte que 91 % des français sont défavorables à l’élevage intensif. Le réseau Biocoop en Bretagne se développe parce que les consommateurs deviennent exigeants. Nous sommes de plus en plus nombreux à préférer les produits issus de l’agriculture biologique et locaux. Le réseau Biocoop a ouvert 18 magasins en 2018 et cinq en 2019. La demande en produits bio et locaux ne fait qu’augmenter. Les pétitionnaires pourraient en saisir l’opportunité…
Volet social
Pour faire court : l’exploitation ne prévoit de ne faire travailler que trois personnes pour produire 120 000 poulets.
Volet environnemental
- L’aliment nécessaire à l’élevage ne sera pas produit en Bretagne mais importé d’outre-Atlantique, les déjections compostées ne seront pas épandues sur nos terres, qui ne peuvent plus absorber un gramme de nitrate supplémentaire, mais exportées par camion en Loire-Atlantique, Vendée et Beauce. Le projet d’élevage de Langoëlan est totalement hors sol, hors plan d’épandage, donc maxi-carbone. Comment accepter un tel projet aujourd’hui face à l’urgence climatique que nous ne pouvons plus nier ? Le dernier Rapport spécial du GIEC publié en octobre 2018 nous rappelle bien que ce modèle agricole y tient une large responsabilité et qu’il y a donc bien urgence à s’engager dans la transition écologique et agricole.
- Le dossier du projet ne fait état d’aucun bilan carbone alors qu’il est extrêmement lourd si on prend en compte la déforestation liée à la production des aliments tels que le soja, le transport maritime, le transport par camion des aliments, des copeaux de bois et des effluents (fientes compostées). De plus, le protoxyde d’azote issu de cet élevage est bien plus puissant que le CO² en matière de réchauffement climatique…
- Sur la question de l’eau, les porteurs de projet prévoient de prélever de l’eau souterraine par un forage. Ce forage ne fera qu’alourdir la pression de prélèvement sur le bassin versant du Scorff dont le débit en période d’étiage n’est soutenu que par les masses d’eau souterraines. Or, la pression de prélèvement ne sera pas à négliger : besoin en eau pour l’alimentation des poulets, besoin en eau pour la brumisation du bâtiment, besoin en eau de lavage, besoin en eau pour humidifier le compost…nous prévoyons d'autres arguements concernant l'eau et les milieux aquatiques.
Bien d’autres arguments sont à développer : bien-être animal, santé publique, prise en compte des nuisances olfactives et sonores pour le voisinage, prise en compte de l’exploitation agricole située sous le vent, étude d’impact environnemental (faune-flore).
Non à ce projet du passé néfaste à notre environnement !
Pour cela, toutes les forces vives qui ont pris la parole au pique-nique organisé par la Confédération paysanne et la réunion publique à Langoëlan se mobilisent :
- Confédération paysanne
- Réseau Biocoop
- Eau & Rivières de Bretagne
- Collectif contre les poulaillers industriels
- Bretagne Vivante
- Extinction Rébellion