Usine Bridor à Liffré : un projet du passé nuisible pour l'environnement

23 mars 2022
Usine Bridor à Liffré : un projet du passé nuisible pour l'environnement

Hier, mercredi 23 mars, se clôturait l’enquête publique sur le projet d’une usine de fabrication de pains et viennoiseries surgelés par l’entreprise Bridor sur la commune de Liffré (35).

Petit retour sur l’analyse très critique de l’association sur ce projet.

 

Un projet du passé qui impacte le climat

Ce projet situé sur 21,35 hectares de terres agricoles et naturelles, vise à terme, une production de 650 tonnes/jour de pains et viennoiseries industrielles surgelées essentiellement destinées au marché mondial.

Or comme cela est évoqué dès le début de son avis par le CRSPN « L’intérêt public majeur n’est pas vraiment justifié et développé dans le dossier, sinon en termes économiques. » et dans les faits ce choix du site de Liffré ne semble pas être motivé par des intérêts environnementaux. D’ailleurs l’OFB souligne que

 

« Les raisons du choix de l'implantation du site à Liffré ne présentent pas de critères environnementaux ni naturalistes »

 

Pourtant malgré les enjeux de ce projet, difficile pour le citoyen de s’y retrouver parmi les 2 800 pages du dossier. Les informations sont éparpillées dans divers documents et des éléments essentiels à la compréhension du projet ne sont présents que dans les annexes (voir les annexes de ces mêmes annexes) voir inexistantes.

 

Sur le fond, alors que le changement climatique est déjà là et qu’il devient donc urgent de prendre toutes les mesures de transition qui s’imposent, le projet (viennoiserie industrielle pour le marché mondial) est en totale contradiction avec ces exigences :

  • Une production destinée à l’exportation internationale pour 70% de sa production
  • Une production majoritairement dépendante de matières premières distantes (voir ci-dessous carte issue des données fournies par Bridor)

  • Un projet dont le bilan gaz à effet de serre sera désastreux de par sa dépendance au transport routier (en particulier pour l'apport des matières premières et export des produits qui représentent 98% des émissions de carbone du projet)

 

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Un projet qui viendra aggraver la fragilité de la ressource en eau du département

Sur ce point aussi le dossier manque cruellement de sérieux, et ce alors même qu'il est situé sur un territoire dont la ressource en eau est d'ors et déjà plus que fragile. En effet :

  • seuls 3 % des cours d’eau du département sont en bon état ;
  • l’état des lieux du Sdage souligne le grand nombre de masses d’eau classées en risque hydrologique (dont les deux masses d’eau qui sont directement situées sur le projet)
  • si la Bretagne bénéficie d’un climat tempéré néanmoins le bassin rennais reçoit deux fois moins d’eau que Brest ; l’Ille-et-Vilaine se situant bien en dessous de la moyenne nationale1 avec un pluviométrie autour de 750 mm/an.
  • le département produit 3/4 de son eau potable à partir des eaux de surface

 

Pourtant le porteur de projet et ce alors même qu'il reporte la responsabilité du prélèvement de l’eau sur les producteurs d’eau, lui permettant au passage de diluer sa responsabilité dans les volumes produit par la collectivité, ne présente même pas une étude satisfaisante sur la gestion de la ressource.

(voir nombreuses études présentées par l'association dans son avis à la fin de cet article)

Les quelques informations qui sont présentées sont incomplètes, voir tronquées de manière à présenter le projet sous un angle plus avantageux que la réalité ; notamment sur les capacités de production des fournisseurs d’eau potable. Rappelons à ce sujet qu’il ne faudrait pas oublier les menaces de fermetures qui pèsent actuellement sur de nombreux captages d’eau potable de la région à cause de la présence du S-Métolachlore (un herbicide notamment utilisé sur le maïs) et qui pourraient donc venir remettre en question les capacités de production du territoire.

Lire notre dossier sur le sujet

 

Un projet dont les impacts sur l’environnement sont sous-estimés

Alors même que comme l’OFB rappelle que

« la destruction et la fragmentation des écosystèmes constituent l’une des cinq causes d’érosion de la biodiversité »

 

et que le site d’implantation est situé, comme l’évoque le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel Bretagne « sur une jonction territoriale entre la forêt de Rennes et la forêt de Liffré, dont l’inclusion dans un périmètre Natura 2000 est envisagée. ».

Sur ce point aussi, il ressort de l'analyse des experts consultés  (OFB, CRSPN, SAGE Vilaine) le manque de sérieux du dossier tant sur la qualité des inventaires réalisés que dans la mise en œuvre de la séquence « Eviter/Réduire/Compenser ». Les carences s’accumulent à chaque étape et le projet dans sa version actuelle fait donc peser les menaces disproportionnées sur la faune (en particulier les chiroptères et les reptiles) et les milieux naturels (zones humides, bocage).

A titre d’exemple, la Noctule commune (une espèce de chauve-souris classée vulnérable par l’IUCN) présente sur le site, les données alertent sur le fait qu’elle « est en très fort déclin, accusant une diminution de 88% de ses effectifs2 » pourtant le porteur de projet identifie les enjeux qui y sont associés comme « modéré » ce que dénonce notre association et le CRSPN.

Ces notions d’enjeux faible, modérés ou fort sont fondamentales comme le rappelle le CRPSN « la présentation faite dans le dossier des impacts bruts (sans mesures) est sous-évaluée. ». Ce qui les conduisent à conclure que cette

« sous-évaluation des impacts résiduels ne permet pas d’apprécier à leurs juste valeur les mesures de compensation ».

Une séquence Eviter/réduire/compenser qui elle non plus n’a pas été menée de manière satisfaisante. Autre exemple, pour les zones humides, le projet de compensation ne semble pas suffisant ni d'un point de vue fonctionnel ni en terme de surface compensé, l’OFB rappelant le fait que « La création ex-nihilo d'une ZH présente un fort risque d'échec ».

 

Eau & Rivières est opposée à cet énième projet agro-industriel

Au final, l’association dénonce un projet industriel de grande ampleur en totale contradiction avec l'urgence de la transition énergétique. Alors même que nous sommes face à un projet très impactant pour le territoire le dossier est confus, trop d’informations ne sont pas exactes et créent le doute quant au sérieux de l'entreprise.

De plus l’absence de justification d’intérêt majeur du projet, son incompatibilité avec les enjeux de la transition écologique, les nombreuses informations manquantes et/ou incomplètes notamment au niveau de l’état initial de l’environnement (tant sur la faune, la flore que la qualité de l’eau), la faiblesse de la mise en œuvre de la séquence ERC, la pression supplémentaire sur une ressource en eau déjà sur-sollicitée et les risques du plan d’épandage conduisent notre association à émettre un avis très défavorable face à ce projet.

 

Consulter l’avis complet de l’association

 

 

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