« Nous n'acceptons pas que le débat public soit empêché par des actions violentes »
Les locaux de France nature environnement, à Toulouse, ont été attaqués par des agriculteurs de la FNSEA (capture d'écran vidéo La Dépêche du midi).
Une conférence sur la méthanisation perturbée par les agriculteurs de la FNSEA, en Côtes-d’Armor. Les locaux de FNE dégradés par des exploitants du même syndicat à Toulouse. Eau et Rivières de Bretagne n’accepte pas que le débat public soit empêché par des actions violentes.
Ce vendredi 14 février avait lieu à Loscouët-sur-Meu, près de Saint-Méen-le-Grand, une conférence sur la méthanisation. Elle était organisée par l'association de sauvegarde de la vallée du Meu. Pierre Aurousseau, professeur honoraire à Agrocampus Ouest, ancien président du conseil scientifique de l'environnement en Bretagne, était invité à s’expimer. Des agriculteurs affiliés à la FNSEA ont tout fait pour empêcher qu’ait lieu cette réunion en bloquant les entrées du village, puis en essayant de la perturber.
La tenue de cette conférence n'a été possible que grâce à l'intervention de nombreux gendarmes dépêchés par le préfet des Côtes-d'Armor.
Dispositif de gendarmerie à Loscouët-sur-Meu (crédit : JPLL, Eau et Rivières de Bretagne)
Le jour précédent, le 13 février, des agriculteurs de ce même syndicat avaient attaqué et dégradé les locaux associatifs de France Nature Environnement à Toulouse, au prétexte des limites d’épandage de pesticides.
Un peu plus tôt dans le mois, des agressions contre des opposants à un projet de méthanisation à Plouha (Côtes d'Armor) avaient également été constatées. Notre fédération, la FBNE, dénonçait alors des « contre-manifestants violents et insultants ». « La manifestation, destinée à permettre aux Plouhatins d’exprimer leur inquiétude, se voulait pacifique. Pourtant, une femme a été aspergée de peinture par un agriculteur et le micro d’un orateur volé par un contre-manifestant ». Dans une lettre ouverte, également adressée au préfet du département, la FBNE réaffirmait : « Notre détermination est totale, on doit nous écouter ».
« Nous n'accepterons pas que le débat public soit empêché par des actions violentes »
A une période où ces mêmes agriculteurs n'ont de cesse que de dénoncer l'agribashing et ont suscité de la part du gouvernement la mise en place d'une cellule Demeter pour les défendre, leur comportement est particulièrement répréhensible. Nous n'accepterons pas que le débat public sur des sujets touchant à l'environnement soit empêché par des actions violentes.
Eau et Rivières de Bretagne demande aux préfets de tout faire pour que le débat public apaisé puisse se faire et de protéger les personnes et les locaux associatifs.
Depuis 40 ans, nos associations de protection de la nature et certains scientifiques indépendants subissent de la part de certains leaders de l’agriculture intensive et de l’agro-industrie cet écolo-bashing qui semble aujourd’hui se cristalliser contre le monde associatif et scientifique.
La méthanisation en question
Pour Eau et Rivières de Bretagne, le développement actuel de la méthanisation agricole à grande échelle accompagne celui des ateliers industriels de production. Il contribue à la compétition foncière qui réduit les possibilités d'installation, à la dégradation des sols et à la diminution des prairies, à la pression sur les prix agricoles et sur l'environnement.
Fortement subventionné avec un prix du KW vendu 5 fois supérieur au prix de marché, il rend plus difficile voire impossible la nécessaire évolution des systèmes de production agricole vers l'agro-écologie.