Agriculture | Recréer les liens dans le Trégor
Dans notre magazine spécial sur les poisons, un de nos articles était consacré à l'association Terres de liens, en Trégor. Retrouvrez ici la traduction en français.
Ar pennad e brezhoneg
La traduction en français
Comment lutter contre les poisons ? En soutenant les paysans "bio" qui souhaitent s'installer. L'association Terres de liens leur loue la terre ou la ferme.
Terres de liens est née en début de siècle - en 2006 en Bretagne - portée par une poignée de personnes et d'organisations qui pensent que la terre est à tous, pas seulement à quelques uns. Ils étaient également inquiets de la condition de l'agriculture et de l'avenir du métier d'agriculteurs. Le nombre de ferme diminue, tandis que la taille des exploitations augmente. Une bonne quantité de terres arables est rognée chaque année par les villes qui s'étendent.
La terre n'est plus régie par la loi de l'argent
L'association aide alors les paysans en leur achetant des terres et / ou des fermes. Elles leur sont louées, avec un contrat qui les oblige à travailler de manière respectueuse afin d'offrir une nourriture de qualité aux consommateurs. C'est une autre manière de travailler qui est proposée par Terres de liens.
L'association propose à celui qui a le projet de monter un GFA (Groupement foncier agricole, qui permet d'acheter seulement des terres), ou une SCI (Société civile immobilière, qui permet d'acquérir terres et bâtiments), qui deviendra propriétaire, de lui louer les biens qu'il a acquis. Le GFA ou la SCI est montée grâce à des contributeurs, le plus souvent locaux. Terres de liens leur propose de dépenser un peu de leur argent pour acheter des parts de l'exploitation, jusqu'à ce que l'agriculteur ait tout remboursé.
L'argent économisé par les contributeurs de la région, sert ainsi à soutenir l'économie locale, à permettre à de jeunes gens - le plus souvent - de s'installer à la campagne, d'aider à la production de produits sains par une agriculture respectueuse de l'environnement, des animaux, et des droits de l'homme, bien sûr.
L'exemple du Trégor
Sept GFA ou SCI ont été montées en Trégor et des projets sont en cours ! Chaque projet réunit entre 80 et 300 contributeurs. Treize agriculteurs élèvent des animaux, soit pour la viande (moutons), soit pour le lait (vaches, chèvres, brebis) qui est aussi transformé. Des céréales sont cultivées. Des légumes et des fruits sont récoltés. La plupart des paysans vendent leur production en circuit-court (marchés, Amap, réseau de paysans les Paniers du Bocage et le Goût du pays), dans les commerces et les restaurants.
Bien entendu, ils sont tous actifs dans la protection de la nature grâce à leur mode de travail respectueux. Ceux qui travaillent avec une collectivité locale (Lannion Trégor communauté), emmènent leurs animaux paître sur les sur les bords du Léguer. L'été seulement car l'hiver, les parcelles sont trop détrempées.
Même chose sur les dunes de l'Ile grande et les falaises de Tredrez, grâce au Conservatoire du littoral. Un troupeau de moutons, résistants à tous les temps, broute et empêche par là les brousailles de pousser.
Transformer le lien entre terre et propriété
Evidemment, il est facile de se dire que 7 GFA ou SCI ce n'est rien par rapport au nombre d'exploitations et exploitants en Trégor. Mais c'est un début et cela montre qu'en quelques années il est possible de changer, peu à peu, la manière de voir le lien entre la terre et la propriété, entre les réels besoins des gens et ceux des agriculteurs, entre la nature et l'agriculture.
Saluons également la volonté et le dynamisme des bénévoles du coin, quand on sait qu'en 2017, 400.000€ de parts ont été vendues, en six mois pour monter une SCI, désormais louée à cinq jeunes paysans. Pour un autre projet, 90 000€ ont été récoltés en trois mois !
Jean-Louis Lintanf
Traduction : Pauline Kerscaven