Pour calmer les agriculteurs, le gouvernement sacrifie la santé et la nature

02 février 2024
Pour calmer les agriculteurs, le gouvernement sacrifie la santé et la nature

Les annonces du Premier Ministre sont sans équivoque : l’heure est à la régression. Le gouvernement a fait un choix, celui de placer l’agriculture industrielle au dessus de tout, sacrifiant sur l’autel de la rentabilité la santé et l’environnement.


De Matignon, le Premier Ministre et plusieurs membres du gouvernement ont dévoilé, ce 1er février, sans autre concertation qu’avec la FNSEA, une batterie de mesures pour répondre à la colère du monde agricole.

 

L’heure est à une inacceptable régression environnementale.


 

Un énorme recul sur les pesticides

« Aucun pesticide ne pourra être interdit en France si ils ne sont pas interdits au niveau européen. »  Gabriel Attal semble oublier que si on essaye de faire baisser l’utilisation des produits phytosanitaires, c’est parce qu’ils contaminent l’ensemble des milieux y compris les rivières et eaux souterraines, sont cancérogènes  (y compris et surtout pour les agriculteur.ices) et une des causes majeures de l’effondrement des populations d’insectes et d’oiseaux.  

 

La « mise en pause » du plan Ecophyto est un très mauvais signal donné. Elle délivre de fait un droit à polluer alors que tourtes les masses d'eau de Bretagne sont contaminées par les pesticides et que beaucoup de chercheurs et de médecins alertent actuellement sur la nocivité de ces produits pour la santé et l'environnement, faisant craindre à terme une véritable catastrophe sanitaire.

 

Le Premier Ministre annonce que l’indicateur de suivi du plan (Nodu) va être revu, signant sa mort annoncée. Par cette décision unilatérale de casser le thermomètre, le gouvernement actuel signe son accointance avec une certaine idée de l’agriculture. De même, la révision annoncée des zonages laisse craindre des reculs sur la protection de la ressource en eau, des zones non-cultivées adjacentes et des population riveraines.


 

La fin des dérogations protégeant les prairies et zones humides

Les dérogations aux règles protégeant les prairies et zones humides et instaurant des « jachères » vont avoir un effet très négatif sur la biodiversité, sans changer grand-chose aux revenus des agriculteurs et agricultrices. Il faut garder en tête le but de ces normes . Ces « jachères », en réalité « surfaces d’intérêt écologique », sont des terres, mais aussi des haies ou des arbres nécessaires à la biodiversité et aux pollinisateurs = moins de pesticides = économies pour les agriculteurs et gain pour la santé de tous ! 

 

Tout le monde s'accorde à reconnaître aux prairies de longue durée un rôle majeur dans la préservation de la biodiversité et le stockage du carbone.

 

Nous sommes favorables à un assouplissement des règles qui pénalisent dans certains cas l'introduction des prairies de longue durée dans les rotations des éleveurs herbagers et bio, mais cela ne doit pas conduire à la régression des systèmes herbagers et nécessite un soutien plus important de ces systèmes, notamment en abondant le financement des Mesures agroécologiques et climatiques (MAEC) .

 

Une aide aux éleveurs qui en ont vraiment besoin

 

Si nous sommes enfin favorables au soutien de l'élevage paysan, l'aide aux éleveurs ne doit pas profiter aux gros élevages intensifs et doit accompagner la transition agroécologique.

 

Nous regrettons que, malgré la multiplication des annonces, Gabriel Attal garde le silence sur la mesure la plus nécessaire pour s’attaquer à la racine du problème : une vraie réforme de la Politique agricole commune et du plan de déclinaison français qui peut être revu dès demain. Plutôt qu’une série d’annonce, une véritable politique, un cap pour encourager une transition vers une autre agriculture, permettant aux agriculteurs et agricultrices de vivre de leur métier et de produire une alimentation saine, consommée localement.

 

Plutôt que le système actuel qui encourage à produire à n’importe quel prix, y compris en détruisant la biodiversité et la santé des agriculteurs et agricultrices et des consommateurs et consommatrices, pour continuer d’exporter.  

 

 

Quelques mesures positives

 

Certaines mesures vont permettre de traiter de vrais sujets comme l’a souligné notre fédération France nature environnement.

  • Appliquer la loi Egalim, notamment pour que l’État et les collectivités territoriales proposent du bio et du local dans les cantines : un vrai sujet à la fois pour la santé des Français·es et pour créer des débouchés pour le bio ;  

  • Veiller à ce que la grande distribution n’impose pas de prix impossibles, pour que les agriculteurs et agricultrices puissent vivre de leur métier ;   

  • Refuser le traité Mercosur : c’est indispensable. Il faut même aller au-delà et bloquer tous les accords de libre-échange, nocifs pour notre agriculture et la santé des Français·es ;  

  • Instaurer plus de transparence sur l’origine des produits : c’est un enjeu aussi pour les consommateurs ; 

  • Appliquer des clauses miroirs pour ne pas importer des aliments traités avec des pesticides interdits en Europe.

 

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Pour aller plus loin

Sur le site de notre fédération FNE :

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