"Blavet eau libre" - pour un nouvel avenir du Blavet
Le Blavet, quel fleuve !
Le Blavet prend sa source à Bourbriac (22) à 280 m d’altitude.
Sa pente moyenne est de 2,1%.
Sa longueur totale est de 160 km, il est le deuxième plus grand fleuve breton après la Vilaine
Il termine sa course dans la rade de Lorient, où il partage une embouchure commune avec le Scorff.
Son bassin versant s'étend sur 103 communes pour une surface de 2 140 km² sur laquelle vivent 250 000 habitants.
Quelle est sa particularité ?
Le Blavet existe à l’état naturel de sa source jusqu’à Gouarec où il rencontre la portion de canal de Nantes à Brest qui relie le Blavet à l'Aulne. A partir de Gouarec jusqu'à son exutoire dans la rade de Lorient, le Blavet est canalisé et artificialisé. Une autre portion de canal rejoint le Blavet à l'Oust à l'est de Pontivy.
Ce fleuve est totalement corseté dans un canal construit au XIXe siècle. Au départ pour des raisons militaires sous l'Empire Napoléonien, puis pour développer le commerce et l'agriculture bretonne. La construction du barrage de Guerlédan en 1930 sonne le glas de la navigation du Blavet.
Un statut dérogatoire non justifié par les activités économiques
Cette canalisation lui confère un statut particulier au titre de la directive cadre sur l'eau, celui de Masse d'Eau Fortement Modifié. Ce statut est dérogatoire et permet de réduire les exigences en matière de reconquête de la qualité des eaux. Or, pour que ce statut dérogatoire soit octroyé par l'Agence de l'Eau, il faut qu'il soit justifié par une activité économique dépendante. C'est bien là que le bas blesse : la navigation est moins qu'embryonnaire..et l'hydroélectricité ne permet de produire que quelques mégawatt là où il faudrait pour la région Bretagne plus d'une vingtaine de millions de mégawatt...
- une navigation de plaisance très réduite : 73 passages en 2017 dénombrés au niveau de l'écluse de Saint Nicolas (une perte de - 73 % par-rapport à une année de référence de 1993)
- des coûts d'entretien des écluses exorbitant
- une hydroélectricité peu efficiente : Guerlédant produit 15 mégawatt et les petites installations d'hydroélectricité sont chacune autour de 1 mégawatt
- une faible résistance du fleuve face au dérèglement climatique
- un problème de plantes exotiques envahissantes (hydrocotyles) : ces plantes disparaîtraient naturellement dans une eau courante, elles sont invasives en eaux stagnantes car inféodées à ce type de milieu
- une perte du potentiel piscicole : le Blavet est l'une des dernières rivières à saumon de Bretagne. Une espèce si emblématique pour notre région, un patrimoine naturel si fort.
Lui redonner libre cours : un autre projet économique et écologique
Eau et Rivières et d'autres mouvements (Fédération de Pêche du 56, AAPPMA de Pontivy, AAPPMA de Lorient, le collectif Blavet 2050) invitent à une nouvelle étape dans la reconquête de la continuité écologique en proposant une démarche progressive de restauration
Une ouverture des ouvrages pour préserver le paysage canal tout en proposant un projet de tourisme durable
- chemin de halage,
- randonnée à pied et vélo,
- développement du canoë-kayak
- parcours de pêche
L’eau est un milieu naturel qui, s’il fonctionne bien, permet d’accéder à une eau potable de qualité, de lutter contre les inondations, le réchauffement climatique et la perte de biodiversité.
L'exemple de l'expérience conduite par les pêcheurs sur les écluses d'Auquinian à Neulliac
La Fédération de Pêche du Morbihan et les AAPPMA ont conduit une expérimentation d'ouverture des écluses avec maintien des ouvrages maçonnés en place. Cette superbe expérience a montré tous les avantages que nous aurions à poursuivre cette démarche de façon progressive tout le long du Blavet canalisé.
Ce film réalisé par les pêcheurs illustre parfaitement ce renversement de situation : d'un miroir d'eau, le Blavet redevient vivant et retrouve une diversité d'habitats aquatiques et de biodiversité tout en permettant en cours d'eau de mieux encaisser les grosses variations hydrométriques (crues, inondations).
Parce que nous devons nous donner toutes les chances de relever le défi climatique
L'urgence climatique vient de nous être à nouveau annoncée : le dernier rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) nous dit qu'il nous reste trois ans pour agir.
En redonnant libre cours au Blavet, nous ferions une belle part de colibri : la continuité écologique reste le meilleur allié de nos rivières.