L'été 2023 sera-t-il sec ?

03 avril 2023
L'été 2023 sera-t-il sec ?

Point de situation sur la ressource en eau, en Bretagne, à la sortie de l'hiver.

 

Le mois de mars a été l’occasion d’évoquer les probables difficultés de la gestion de la ressource en eau pour cet été. Le plan gouvernemental a ainsi été mis en scène.

Notre article du 1er mars avait été prudent sur les perspectives en Bretagne et donnait rendez-vous aux premiers jours d’avril. Le pronostic pour l’été 2023 est aujourd’hui « un peu en-dessous de la moyenne » sur les deux tiers ouest de la région, tendu à l’est mais ne saurait nous dispenser de l’effort de sobriété par tous, ni de nous préparer pour un autre futur été difficile.

 

La situation s'est nettement améliorée

Il a vraiment beaucoup plu en Bretagne au cours du mois de mars 2023. Les normales de ce mois ont été partout dépassées, parfois assez peu, parfois très sensiblement. On relève de 130 à 160 mm dans les Côtes d’Armor, le Finistère et le Morbihan (Saint-Goazec, en Finistère, avec 209 mm) mais entre 90 et 100 mm en Ille-et-Vilaine. Les crues sont revenues. Les sols sont à capacité maximale de remplissage au 1er avril. Les retenues d’eau potable, de navigation et hydro-électriques sont complètement remplies. Les nappes qui étaient en vidange rapide depuis février, ont réagi. Plus dans l’ouest régional, où la situation assez critique fin février a été sensiblement améliorée (tracé noir).

 

Saint-Divy (29)

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Trémuson (22)

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Saint-Grégoire (35)

Peu dans le bassin de Rennes, où la situation reste peu favorable, même si elle est mieux engagée que 2017.

 

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"La situation est loin d’être confortable même si elle est nettement améliorée en termes de perspectives d’étiage, au moins pour la moitié ouest."

 

Pour Nicolas Forray  : "Globalement, la situation est loin d’être confortable même si elle est nettement améliorée en termes de perspectives d’étiage, au moins pour la moitié ouest." La probabilité d’un étiage précoce, comme celui de l’an passé est faible. Il n’est pas possible de s’avancer plus sur ce qui se passera cet été : canicule, période longue sans pluie ou situation moyenne du fait de pluies régulières. N’oublions pas que mai est régulièrement le mois le plus arrosé. La gestion de la ressource devrait être cependant être moins difficile que l’an passé.

 

A cette situation moins préoccupante, il convient toutefois d’apporter un bémol. Le lessivage des sols a été important en décembre et mars. Les eaux entrant dans les nappes ont été très chargées en nitrates. Les flux de nitrates arrivant dans les baies à algues vertes et les zones de vasière vont repartir à la hausse. Est-ce promesse de dépôts d’algues importants ? D’autres facteurs ont leur rôle : tempêtes d’hiver dispersant les stocks au large, ensoleillement des mois à venir et température. Une des conditions est manifestement remplie. A suivre donc…

 

Et à l’échelle de la France ?

La moitié nord de notre pays a été bien arrosée en mars, ainsi que les Alpes et le Massif Central. La situation est moins tendue qu’en fin février. Toutefois, les conditions restent délicates (et nos expertises moins développées). La situation reste très compliquée dans le tiers sud de la France avec des barrages peu remplis, des rivières en étiage précoce et des mesures de restriction déjà prises allant jusqu’à l’alerte renforcée.

 

Ceci ne doit pas conduire à considérer qu’il ne faut rien faire en Bretagne, et que l’effort de sobriété ne concerne que cette partie du pays. La sécheresse 2022 dont il faut rappeler qu’elle n’a pas été la plus exceptionnelle de ces 50 dernières années a mis notre système d’alimentation en eau potable en très forte tension, à quelques jours de graves difficultés de distribution. Les milieux aquatiques ont énormément souffert mais les pouvoirs publics ne se sont pas donné les moyens d’aller le constater.

 

Nous avons eu des remontées des fédérations de pêche concernant des opérations de sauvetage de poissons, des mortalités piscicoles, des proliférations de cyanobactéries. Il faudra sans doute attendre les résultats des analyses biologiques financées par l’agence de l’eau pour en savoir plus. Les dérogations pour des débits réservés dans les rivières, qui ont permis des débits inférieurs parfois au trentième du module, n’étaient assorties d’aucune mesure de suivi de la flore et de la faune aquatique.

L’ignorance évite de se poser de bonnes questions et de se préparer réellement à des été plus chauds, plus longs, et à la baisse des débits de nos rivières pendant cette période.

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