Les élevages porcins industriels, toujours instruits au rabais dans le Morbihan

08 avril 2025
Les élevages porcins industriels, toujours instruits au rabais dans le Morbihan

L’ignorance de l’injonction faite à l’État de cesser le préjudice écologique par la mise en œuvre de toutes mesures utiles

 

La Préfecture du Morbihan ignore le jugement du tribunal sur les mesures nécessaires pour réduire effectivement la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole sur le territoire breton.

Saisi de deux recours déposés par l’association Eau & Rivières de Bretagne, le tribunal administratif reconnaît que les mesures mises en œuvre par l’Etat sont insuffisantes pour lutter contre les échouages d’algues vertes sur le littoral breton. (ici notre actu sur ce dossier).

La décision du 13 mars 2025 enjoint l’État à mettre en œuvre toutes mesures utiles pour cesser le préjudice écologique de pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole.

Quatre dossiers en cours montrent que ce préjudice n’est pas prêt de cesser...et c’est inquiétant.

En CODERST (conseil départemental de l’environnement, des risques sanitaires et technologiques : instance pilotée par la préfecture consistant à donner un avis sur les projets d’installations classées pour la protection de l’environnement : les fameuses ICPE) du 5 Avril 2025 a été votée, sans communication de plan d’épandage, une dérogation à l’obligation de traiter les 28 000 unités d’azote produits par un élevage porcin de Ménéac, en zone ZAC (Zone d’Actions Complémentaires nitrate), ignorant manifestement que c’est contradictoire avec l’injonction du tribunal de prendre les bonnes mesures.

 

Trois dossiers d’élevage porcins sur caillebotis instruits au rabais en Morbihan

 

Actuellement, trois élevages porcins d’importance sont en consultation publique pour agrandissement. Il s’agit de trois dossiers instruits au rabais. Ils sont instruits selon le régime de l’enregistrement des ICPE, impliquant une simple consultation publique et non une enquête publique avec commissaire enquêteur et étude d’impact. Alors que ces trois dossiers se situent sur des bassins versants très sensibles (algues vertes sur vasières ou aire d’alimentation de captage prioritaire).

L’un à Malguenac, dans un dossier de 450 pages explique qu’il souhaite, en plus de son atelier bovins de 248 animaux, augmenter, pour son atelier porcin son nombre d’animaux de 55%. Cette extension d’élevage porte le nombre à 2106 animaux qui produisent plus de 27 000 unités d’azote. Cet élevage exclusivement sur caillebotis prévoit un plan d’épandage qui s’étend sur trois communes dans des parcelles parfois en zone sensibles (ZNIEFF) et dans le périmètre de l’arrêté préfectoral de protection de biotope (protection de la mulette perlière), avec des pentes non négligeables à proximité de rivières. De plus, notre association ne peut pas passer à côté des besoins en eau de telle structure d’élevage (tant pour abreuver les animaux et que pour le nettoyage de ces fermes-usines). Il est indiqué dans le dossier une augmentation de la consommation en eau augmentant de 2500 m³.

Le deuxième, à Billio, demande d’augmenter jusqu’à 3701 animaux son élevage porcin, multipliant son nombre de truies par 2 (qui produisent le plus de lisiers), consommant plus de 7000 m3 d’eau par an et produisant près de 22 000 unités d’azote.

La troisième, à Saint Tugdual, sur deux versants, veut élever 2968 animaux, génère plus de 23 000 unités d’azote (5000 m3 de lisier), un plan d’épandage sur des parcelles en zones sensibles (ZNIEFF), avec 8 autres élevages à moins de 3 km.

 

Un mode d’élevage pourtant hautement contributeur de la pollution des eaux par les nitrates

 

Décidément, pour Eau et Rivières de Bretagne « trop c’est trop », l’agriculture intensive, en particulier porcine qui fait abattre, depuis des années plus de 12 millions de porcs, c’est-à-dire 56% des porcs de la France entière. L’élevage de porcs en bâtiment sur caillebotis est la cause majeure de la pollution des eaux par les nitrates et donc de la prolifération des algues vertes (sur plages et sur vasières). Cette pollution des eaux de nos rivières, des eaux souterraines et du milieu marin ne diminue pas.

Si cette activité économique a produit en valeur pour 2,359 millions d’euros en 2023 (1,998 M€en 2022), nous regrettons qu’à ce jour, l’élevage vertueux (porcs sur paille) représente moins de 1% de l’élevage porcin en Bretagne.

 

L’heure est à la désintensification

 

Comme le disent les scientifiques : « l’amélioration de la situation passera par « la désintensification des élevages et la généralisation de l’agriculture biologique et des systèmes à bas niveaux d’intrants » (cf. Expertise Collective INRA, « les flux d’azote liés aux élevages », 2012, p.57/72).

 

Vos avis et les nôtres doivent compter dans la décision publique

Eau & Rivières de Bretagne invite les citoyens à déposer leur avis personnel dans ces consultations.

 

Eau & Rivières de Bretagne est en train de rédiger les siens, nous les rendrons publics autour du 20 avril.

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