La haie bocagère, un écosystème au service de la biodiversité

31 mars 2022
La haie bocagère, un écosystème au service de la biodiversité

Le bocage permet par l’implantation de son réseau de haies plus ou moins développé, de diversifier les milieux agricoles en assurant le rôle de corridor, indispensable aux déplacements de nombreuses espèces et à leurs interactions par exemple pour le brassage génétique. Le bocage sert donc directement la biodiversité.

 

La haie bocagère, interface agricole et forestière

Par définition, une haie se compose d’une végétation organisée en ligne avec une succession d’arbres, arbustes et autres buissons. Liées à la présence du bois, les espèces accueillies dans la haie sont adaptées à un milieu qualifié de pré-forestier. Mais comme le pied de la haie en bordure de champ abrite des espèces plutôt agricoles, la promiscuité de ces deux milieux forme, pour majeure partie, la richesse biologique de nos campagnes.

 

Dans cette ambiance forestière en espace ouvert agricole, Mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, libellules, papillons de jour et de nuit, orthoptères, coléoptères, araignées et insectes en tous genres cohabitent dans cet écosystème. Toutefois plusieurs études en France et en Europe montrent que la destruction ou la dégradation du bocage entraine la disparition d’espèces considérées comme plus rares, au profit d’espèces plus généralistes. La banalisation du paysage mène en quelque-sorte à une banalisation de la faune.

 

La biodiversité à tous les étages de la haie

Pour un accueil optimal en termes de diversité biologique, la haie bocagère doit s’accompagner d’une bande enherbée, d’un fossé, d’un talus et se composer de plusieurs strates ou étages de végétation, tout en étant connectée en réseau avec d’autres milieux naturels ou semi-naturels. La haie représente une multitude d’habitats et micro-habitats fréquentés d’une manière permanente ou ponctuelle par des espèces pour s’abriter, se reproduire et se nourrir de proies, de baies, de graines...

 

Au pied des haies et sur les talus, la flore herbacée héberge notamment des insectes utiles à l’agriculture pour leurs rôles de pollinisation ou de lutte contre les ravageurs de cultures, comme les carabes consommateurs de limaces et la coccinelle friande de pucerons et de cochenilles. Certains oiseaux comme la perdrix rouge installera son nid au pied de la haie si l’herbe n’est pas fauchée et qu’une végétation dense et piquante assure sa protection.

 

La présence d’un talus permet l’installation d’espèces fouisseuses qui creusent des terriers comme le lapin de garenne, affecté par des maladies mais surtout par la destruction du bocage encore d’actualité. Les terriers sont également utilisés comme refuges par d’autres animaux qui ne sont pas capables de s’en constituer. Ainsi, un terrier de blaireau abandonné peut être investi par la belette, la martre ou la fouine.

 

Au dessus de la strate herbacée, la strate arbustive qui s’étend jusqu’à 2 mètres de hauteur est le lieu de prédilection des passereaux à condition que la haie soit suffisamment fournie pour assurer de bonnes conditions de nidification.

 

La strate arborée, haute jusqu’à 7 mètres et même parfois au-delà, assure des postes de guet pour les oiseaux prédateurs. C’est aussi un étage qui produit beaucoup de nourriture (feuilles, fruits et fleurs). De plus, les vieux arbres, les parties creuses ou bien mortes, sont particulièrement intéressantes pour certains oiseaux (chouette hulotte, faucon crécerelle, pic vert...), mammifères (genette commune, fouine, chauve-souris...), amphibiens (crapaud) et insectes (pique-prune, lucane cerf-volant...).

 

Enfin, une haie n’en serait pas tout à fait une sans les lianes : la ronce, le chèvrefeuille des bois, ou bien le lierre, si précieux pour supporter de nombreux nids comme ceux des pigeons ramiers, il offre aussi sa floraison aux abeilles juste avant la saison froide.

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                                               Schéma de haie | © Jardin Graphique

 

Adapter l’entretien des haies pour préserver la biodiversité

Malheureusement, le tableau idéal détaillé précédemment est de moins en moins observé. 80 % du bocage serait dans un état dégradé, souvent par l’utilisation d’outils destructeurs et un entretien qui s’avère trop fréquent. Bien des haies ne sont plus que des alignements d’arbres dépourvus de toute autre végétation par le passage de l’épareuse. De plus, les nouvelles haies sont plus souvent plantées à plat que sur des talus. Vous en déduirez sûrement que la biodiversité de ces haies est alors bien plus pauvre...

 

Pour respecter la période principale de nidification des oiseaux, l’article D-615-50-1 du code rural s’applique à la profession agricole et interdit la taille des haies entre le 1er avril et le 31 juillet chaque année. Pourquoi ne pas généraliser cette obligation à tous, particuliers, entreprises et collectivités publiques ?

 

D'autres pistes pour agir en faveur de la biodiversité bocagère ? Stopper l'entretien intensif des pieds de haies en laissant se développer la végétation, et dans une parcelle cultivée, respecter une bande enherbée non traitée et éventuellement fauchée une fois l'an. Bien sûr, on peut aussi restaurer des haies peu fournies ou qui sont déconnectées du réseau bocager par l’apport de nouvelles plantations dès l’automne prochain. Et surtout, laissons se développer les haies bocagères en acceptant qu'elles prennent un peu de place en échange de multiples services rendus !

 

Téléchargez le plaidoyer pour le bocage d'Eau et rivières et ses 22 recommandations dont plusieurs concernent directement la biodiversité

 

Pour aller plus loin, cette vidéo permet de rappeler les multiples rôles assurés par le bocage tant pour l’eau que pour la biodiversité ou encore le bétail.

 

 
 

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