La douloureuse facture des pollutions agricoles [13/01/16]
Pollutions azotées : une facture annuelle entre 1 et 3 milliards ! (plage du Moulin Blanc à Brest, décembre 2015)
Le Commissariat Général au Développement Durable vient de publier deux études qui apportent des éclairages complémentaires sur la relation difficile entre l'agriculture française et l'environnement.
La première est intitulée : "Les pollutions par les engrais azotés et les produits phytosanitaires : coûts et solutions". Rappelant que la France est le premier consommateurs d'engrais minéraux de l'Union européenne (2,2 millions de tonnes) et le deuxième de pesticides (66,7 millions de tonnes), l'étude passe en revue les impacts financiers pour la collectivité de cette forte consommation. Elle estime entre 0,9 et 2,9 milliards d'euros le coût annuel des impacts sur l'eau, l'air, le changement climatique, la perte de biodiversité, des épandages d'azote. Pour les pesticides, les données portent seulement sur les coûts liés à la pollution des eaux, évalués entre 260 et 360 millions d'euros par an.
Dans une seconde publication, "Eaux et territoires agricoles : dépasser les contradictions ?", le CGDD présente les résultats de sept projets de recherche qui portent sur la réduction des pollutions diffuses, les zones humides, et la gestion intégrée de l'eau et des territoires. Plusieurs de ces travaux de recherche concernent la Bretagne : bassins versants des captages fermés pour cause de pollution en nitrates, bassin versant de la baie de Douarnenez submergée d'algues vertes... L'occasion pour le CGDD de rappeler : "adopter une solution préventive coûte deux fois moins cher au gestionnaire qu'une solution curative ou palliative, en effet le coût marginal pour le préventif est de 0,24 € par m3 d'eau, contre respectivement 0,45 et 0,41 € par m3 pour le palliatif et le curatif.".
Volontarisme des syndicats d'eau insuffisant, importance de l'enjeu foncier, mission de défense des intérêts professionnels prenant le pas sur la mission d'accompagnement technique vers un plus grand respect de l'environnement dans les chambres d'agriculture, nécessité d'une gouvernance plus ouverte, on retrouve dans cette publication de nombreux constats posés par les acteurs de terrain, et notamment par le réseau associatif.