Nouveau rassemblement pour dénoncer la pollution de l’air
A l’occasion du procès contre Timac Agro qui se tenait à Brest jeudi 9 novembre, 80 personnes étaient réunies devant l'usine de Saint-Malo pour dénoncer cette multinationale pirate de l'air.
Pirate nm. : « individu sans scrupule qui s’enrichit au dépend d’autrui ». C’est ce terme qui semble le mieux convenir au Groupe Roullier, qui pollue sans état d’âme l’atmosphère malouine (et bien plus encore) depuis plus de 50 ans. Rejets d’ammoniac, particules fines et ultra fines, localisation du site, etc. les Malouins ne sont pas prêts à baisser les bras face à un des plus gros pollueurs du pays. 80 d'entre eux étaient réunis, jeudi 9 novembre, devant les grilles de la Timac, malgré une météo déplorable.
Le long chemin pour un air propre à Saint-Malo
Alors que le succès de la balade toxique d’octobre 2015 a permis à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Bretagne (Dreal) d'imposer à l'entreprise d'installer des capteurs en haut de ses cheminées, son contrôle en 2018 a mis en lumière que Timac Agro rejetait dans l'air 12 à 15 fois les valeurs limites autorisées en ammoniac. Suite à ce constat alarmant, Eau & Rivières de Bretagne, associée à Bretagne Vivante, a déposé un recours contre la société.
Même si l’entreprise est « rentrée dans les clous », l’association estime que les limites actuellement imposées ne sont pas suffisantes et continuent de surexposer les Malouins à des niveaux d’émissions potentiellement dangereux pour la santé. Pauline Pennober, en charge de l’Ille-et-Vilaine pour Eau & Rivières de Bretagne espère donc « une manifestation symbolique très forte pour cette pollution de l'air qui a duré trop longtemps et qui continue d'affecter les Malouins ».
L'ammoniac est considéré comme un danger grave pour la santé en raison de sa toxicité. Il est corrosif pour la peau, les yeux et les poumons. Une exposition à 300 ppm* représente un danger immédiat pour la vie et la santé et peut entraîner la mort après quelques inspirations. Il est également considéré très toxique pour les organismes marins.* Partie Par Million : unité de mesure utilisée pour calculer le taux de pollution dans l’air et plus globalement dans l’environnement |
Une étude de l’air qui confirme nos inquiétudes
« Une récente campagne de mesure montre que Timac est toujours à l'origine d'une pollution sensible de l'air, ammoniac et PM2,5 », explique Rozenn Perrot, administratrice de l’association et représentante à la commission de suivi de site Timac Agro.
Dans sa dernière campagne de caractérisation chimique des PM2,5 et de suivi de l’ammoniac à Saint-Malo, publiée sur son site le 6 février 2023, Air Breizh a découvert une différence de 51% d’émissions d’ammoniac entre la station urbaine d’analyse de l’air de Rocabey et la station rurale de fond à Kergoff, au nord de Guerlédan. Elle souligne également que la valeur journalière recommandée par l’OMS pour les PM2,5 de 15 μg/m³ (valeur qui ne doit normalement pas être dépassée plus de 4 jours par an), avait été dépassée durant 30% de la période de mesure, soit 16 jours ! Soulignant que « la variabilité horaire des concentrations en ammoniac est importante à Saint-Malo et l’influence de source locale émettrice d’ammoniac est confirmée. »
Suite à cette campagne, Air Breizh préconise d’installer un analyseur d’ammoniac en continu « étant donnée la problématique locale mise en évidence » mais aussi d’exploiter les données d’activités industrielles horaires avec des connaissances sur les éventuelles émissions diffuses d’ammoniac pour permettre une analyse plus fine des influences potentielles.
Le procès des industries polluantes, à Brest
Depuis début 2023, Eau et Rivières de Bretagne attend, outre la mise en pratique des préconisations d’Air Breizh, « une condamnation financière exemplaire à la hauteur de la gravité de ce qui s'est passé sur la Timac à Saint-Malo », explique Pauline Pennober.
Ce 9 novembre, le recours du contentieux indemnitaire pour préjudice moral porté conjointement par Eau et Rivières de Bretagne, Bretagne Vivante, et France Nature Environnement, sera donc examiné à Brest. En parallèle, sera étudié un autre recours contre Timac Agro porté par FNE 17 pour des infractions à l’environnement sur son site de Tonnay-Charente.
Une récente annonce viendra peut-être aussi boulverser l'industrie chimique et inspirer Timac agro : le géant agro-industriel Yara a annoncé il y a quelques jours l’arrêt de la production d’engrais azotés sur son site de Loire-Atlantique. Associations, élus et syndicats ont dénoncé le cynisme d’une multinationale hors-la-loi qui n’a jamais voulu se mettre aux normes environnementales et sécuritaires.
Décision attendue le 9 janvier.