Poulailler industriel de Langoëlan : et si on manquait d'eau?
Eau & Rivières de Bretagne est particulièrement inquiète de la pression de prélèvement des usagers sur la ressource en eau. En cette périod de sécheresse et de changement climatique, nos élus doivent prendre très sérieusement ces paramètres dans leurs décisions. C'est pourquoi, nous attirons l'attention toute particulière du Préfet du Morbihan sur ce point dans la lettre ouverte que nous vous partageons.
Le projet de poulailler industriel de Langoëlan pour un élevage de 120 000 emplacements se situe sur le bassin versant du Scorff.
Or, comme le précise une étude du BRGM (Bureau de Recherche Géologique et Minière) sur une période 1994-2000 qui précise :
"on note une influence prépondérante du réservoir souterrain inférieur (fissuré), par rapport au réservoir supérieur (altéré) à l'étiage: du mois de juin au mois de septembre. La tendance d'inverse pour les autres mois de l'année. Ce soutien de la nappe en période d'étiage (lécoulement souterrain total étant supérieur à 90 % de l'écoulement global) atteint même à son paroxysme aux mois d'août et septembre où 100 % de l'écoulement de la rivière provient de l'écoulement souterrain."
L'étude du BRGM 195AA01 – Socle métamorphique dans le bassin du Scorff de sa source à la mer - fait partie des pièces du dossier versées à l'enquête publique. Il s'agit de l'annexe 6 du dossier d'enquête publique.
Cette étude est cruciale au regard de l'évaluation des impacts du projet sur la disponibilité en eau du bassin versant du Scorff.
Le dossier étant siliencieux sur ce point, nous attirons donc votre attention, monsieur le Préfet, sur cette défaillance. Nous demandons que les pétitionnaires apportent davantage de précision sur le fonctionnement du forage envisagé : volumes prélevés dans le forage, volumes prélevés dans le réseau, volumes prélevés dans le forage à l’étiage, période où les besoins en haut seront les plus élevés ( abreuvement, brumisation )
Effectivement, dans tous les cas, l’eau nécessaire au fonctionnement de l’exploitation proviendra de la ressource en eau souterraine puisque l’eau du réseau provient de Coët Ven à Ploërdut depuis la fermeture de la station de pompage en eau superficielle de Plaisance à Guémené sur Scorff (fermeture pour impossibilité de respecter le débit réservé).
Or, le fonctionnement de la rivière du Scorff et des zones humides attenantes est intimement lié au niveau de la nappe d’eau souterraine comme le précise l’étude sus-référencée du BRGM.
Vu la gravité de la pression sur la ressource en eau sur notre territoire et l'urgence climatique qui nous convoque tous, nous considérons que nous avons le devoir de vous avertir de cette situation tout autant que la population. C'est pourquoi notre courrier est une lettre ouverte. De ce fait, elle est rendue accessible aux citoyens.