Les orages ne remplissent pas forcément les rivières !

31 août 2022
Les orages ne remplissent pas forcément les rivières !

La période de canicule est terminé mais les pluies ont elles suffit pour recharger nos rivières et mettre fin à la sécheresse ? Ces derniers jours, selon votre localisation, vous avez été saucés par des orages ou n’avez pas vu grand-chose, à part (avec un peu de chance) du vrai crachin. Alors la pluie a-t-elle changé la situation ? Nous a elle sortie de la sécheresse ?

 

Si l’herbe repart timidement, de nombreux arbres ont perdu des feuilles ou présentent un jaunissement précoce. Et les rivières ? Eau et Rivières fait le point sur cette question dans la droite ligne de l’article : « Etiage 2022 : se situer par rapport au passé ? »  et rappelle que la gestion de l’eau se fait dans le dialogue, et appelle des évolutions de tous. Consommateurs, entreprises, exploitations agricoles doivent adapter leurs modes de faire en sachant que la ressource est limitée chez nous par la géologie, que la tension sur la ressource est déjà forte en été comme en hiver.


 

Il a enfin plu !

Depuis le 14 aout, des pluies de toutes natures, orages, pluies frontales et crachin ont parcouru de façon irrégulière la Bretagne. La pluviométrie du mois varie de 7 à 30 mm, localement plus. Les sols extrêmement secs ont été humectés le plus souvent sur quelques centimètres, parfois plus d’une douzaine. Mais le ruissellement a été très réduit, l’intensité des pluies étant restée modérée.

La végétation présente des signes de redémarrage, mais l’évapotranspiration (20 à 30 mm depuis la mi-août) consomme ce que les sols ont conservé. Des remontées de débit ont été notées, e un ou deux pics, entre le 14 et le 18 aout, mais avec une ampleur limitée. La baisse est nettement engagée. Le ruissellement a été très modeste en comparaison de ce qui avait fait l’objet de notre article de la mi-juillet.

Du point de vue des usages, la fin de la canicule et le retour à des températures plus classiques se traduit par une baisse de la consommation. La fin de la pleine saison touristique va également réduire la demande. Pour autant, la situation reste difficile pour les retenues AEP dont les niveaux sont bas, surtout si la situation se prolonge.

 

 

Notre point de situation au 30 août 2022

Si l’on reprend les quatre sites témoins de notre précédent article, nous observons des remontées limitées de débit, très semblables à celles mesurées dans le passé. Il n’y a aucun doute, la situation n’a pas changé, l’étiage se prolonge.

 

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L’Arguenon recoule, mais devrait se tarir sous quatre à cinq jours sans nouvelles pluies. La durée de l’étiage 2022 est encore loin des trois autres étiages de référence même si les écoulements restent très bas.

 

 

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L’Odet est illustratif de la zone la plus arrosée de cette deuxième quinzaine d’août, avec des oscillations multiples qui s’atténuent avec des débits au 30 août équivalents à ceux précédant le 14. Sans pluies, la courbe de tendance devrait être atteinte sous une dizaine de jours.

 

 

 

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Après une violente remontée des débits le 17 août, l’Evel a des oscillations descendantes au fil des petites pluies affectant son bassin versant. L’étiage est de retour progressivement. Cette évolution est démonstrative des « rémissions » temporaires permises par des pluies d’été qui ne se prolongent pas. Le nouveau seuil mis en service en 2021 garantit une grande qualité de mesure.

 

 

 

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Le Meu oscille à des débits faibles, toujours sous le seuil de crise. Proportionnellement, la remontée y a été beaucoup plus faible qu’ailleurs, en corrélation avec des pluies très modestes. C’est plutôt à la fin de la canicule qu’il faut attribuer cette remontée. Son étiage est maintenant moins marqué que ceux de 1990 et 2003. La prise en compte des jaugeages renforcés à l’occasion de cet étiage explique sans doute ces valeurs plus fortes (cf la note A, B ou C attribuée à chacune des années). A suivre donc...


 
Au final, globalement, la plupart des rivières reste dans les seuils d’alerte à crise, même si le niveau atteint est souvent moins sévère que début août pour les deux tiers d’entre elles. Seule une partie des Côtes d’Armor, la moitié ouest, reste dans une situation moins tendue, ceci en lien avec des alimentations souterraines plus importantes et des pluies de juin nettement plus conséquentes.
 

 

Cela va-t-il durer longtemps ?

Difficile de répondre, les météorologues sont de plus en plus prudents. Au regard du passé, nous en sommes, au 31 août, à 60 jours d’étiage (mais il n'est pas terminé). Ce qui est tout à fait dans la moyenne de durée d'un étiage; les étiages les plus longs avaient duré jusqu’à 130/140 jours. Ce qui correspond à la fin octobre. Il n’y a pas de corrélation entre durée importante de l’étiage et sa précocité. Sauf que les précoces durent plus que la moyenne… avec une certaine dispersion. La gestion prudente reste de rigueur et les difficultés locales d’alimentation en eau potable vont continuer à se multiplier avec le temps…


 

Bilan des mesures prises

Les mesures de restriction ne semblent pas avoir provoqué la baisse de consommation espérée, montrant une déconnection entre les messages d’alerte et les comportements. Le fait que le nombre des communes ayant recours à des remplissages par camion-citerne augmente n’y change rien. Il y a là un sujet de fond. Notre analyse identifie des raisons multiples :

  • Un message officiel pas toujours affiché (Finistère) dès les décisions d’alerte prises

  • Une alerte adressée par sms aux abonnés et renvoyant à un site internet pour plus d’information ne touche pas les estivants et n’est guère incitatif : d’autres moyens d’informer sont à imaginer tels que panneaux dans les grandes surfaces et sur les marchés

  • Les dérogations aux golfs, stades, piscicultures envoient un signe perturbateur

  • Le sentiment, malgré les incendies, que l’eau ne manquera pas en Bretagne compte tenu de sa réputation climatique

  • Une tarification de l’eau qui n’est pas un signal. A quand la tarification progressive (plus on consomme d’eau, plus le prix de m3 augmente) ? Mieux même, avec le déploiement des télé-relevés des compteurs, quand aurons-nous une tarification différente entre 8 mois d’hiver et 4 d’été ?

  • Des médias plus portés au sensationnel qu’à l’information de fond : on veut des poissons morts pour être crédible alors que les effets sur les milieux aquatiques sont souvent moins spectaculaires et surtout vont durer plus de 18 mois. Le public ne serait capable de comprendre que le spectaculaire ?

 

Les tendances météorologiques s’avérant peu fiables dans le contexte climatique actuel, il est difficile de pronostiquer l’état des rivières d’ici 15 jours. Mais sans pluies significatives et si les températures remontent, le retour à de très faibles débits maintiendra la situation problématique. Néanmoins, il est déjà temps de penser « adaptation » à ces situations, sans promettre des projets d’investissement lourds dont l’amortissement sera problématique et fragilisé par la contamination de nos eaux par les résidus de pesticides. Attaquons-nous à ce problème silencieux, mais qui est un vrai sujet de santé publique et à une sobriété de consommation!

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