Protéger les zones humides pour notre avenir
Le 2 février est la journée mondiale des zones humides et cette année, elle est placée sous le thème « Protéger les zones humides pour notre avenir commun ».
C’est quoi une zone humide ?
Marais, tourbières, prairies humides, lagunes, mangroves, estuaires, récifs coralliens, rizières… l’appellation « zone humide » regroupe un grand nombre d’écosystèmes, depuis le sommet des montagnes jusqu’aux côtes littorales. Il s’agit de terres recouvertes d’eaux peu profondes ou imprégnées d’eau de façon permanente ou temporaire, d’origine naturelle au anthropique.
Pourquoi est-il important de les protéger ?
Selon le dernier rapport de la Convention de Ramsar, 40 % des espèces de la planète y vivent ou s'y reproduisent, dont 12 % des espèces animales, et elles sont particulièrement importantes pour les espèces migratrices. Ce même rapport indique que 14 % de la population mondiale dépend des zones humides pour vivre. Entre la production agricole, la pêche, l’élevage de coquillages, et l’extraction de matières premières, ces milieux leurs fournissent nourriture et travail.
Elles jouent, par ailleurs, un rôle majeur dans le cycle de l'eau. Leur capacité à stocker d’importantes quantités d’eau, telle une éponge, leur permet d’alimenter les eaux souterraines qui sont l’une de nos principales sources d’eau potable. Cela leur confère aussi une fonction de protection. À l’intérieur des terres, elles ralentissent le ruissellement et régulent le débit des cours d’eau, et en zone côtière, elles représentent une barrière naturelle contre les raz-de-marée. Le rôle protecteur des mangroves et des forêts côtières a clairement été démontré après le tsunami de 2004 survenu dans l’océan Indien : les dégâts matériels ont été bien moins importants là où les mangroves n’avaient pas été remplacées par des rizières ou des constructions. Que ce soit dans les terres ou sur la côte, les zones humides contribuent donc à limiter les inondations et l’érosion. Capables de stocker l’eau, elles peuvent également la restituer en période de sécheresse. Elles participent, de plus, au maintien de la qualité de l’eau par phytoépuration (épuration par les plantes) en piégeant ou en transformant les éléments nutritifs en excès (nitrates, phosphates), les particules fines, ainsi que certains polluants (pesticides).
Et ce n’est pas tout : un certain type de zones humides, les tourbières, malgré leur faible surface (3 % des terres émergées de la planète) renferment 30 % du stock de carbone des sols mondiaux. Elles stockent ainsi deux fois plus de carbone que toutes les forêts du monde, qui recouvrent 30 % des terres émergées mondiales.
Pourtant, les zones humides font partie des écosystèmes les plus dégradés de la planète : 35 % d’entre elles ont été détruites entre 1970 et 2015, soit une perte trois fois plus rapide que pour les forêts, selon le rapport Ramsar. En Bretagne, ce sont même 50 % des zones humides qui ont disparu en 60 ans. En cause : l’urbanisation, l’intensification de l’agriculture et de la production forestière, le drainage, l’aménagement des cours d’eau, le prélèvement d’eau, l’extraction de matériaux et l’assèchement.
Quelles sont nos actions en faveur des zones humides ?
Eau & Rivières de Bretagne est un acteur historique de la protection des zones humides en Bretagne. Nous avons, par exemple, contribué à sauver la tourbière de Langazel, la plus vieille tourbière de Bretagne, de la construction d’une usine de broyage d’ordures ménagères en 1978. Nous avons actuellement deux dossiers en cours auprès du Tribunal judiciaire de Brest. Le premier concerne la création de fossés de drainage pour assécher une zone humide à Kergloff. Le deuxième porte, quant à lui, sur la création d'un parking sur une zone humide à Ploudalmézeau (nous vous en parlions déjà en 2022). Notre prochaine journée technique portera, par ailleurs, sur les zones humides, à travers une sortie terrain et une formation pour s’approprier l’outil réglementaire permettant de préserver ces écosystèmes.
Cette lutte de longue date dépasse les frontières bretonnes et nous soutenons les collectifs alliés, comme le collectif pour la narse de Nouvialle (Cantal) qui vient de publier une tribune pour sauver une zone humide menacée par des projets de carrières portés, entre autres, par la multinationale Imerys. C’est cette même entreprise qui a demandé une extension de sa mine à Glomel (22) et contre laquelle nous avons déposé un recours en octobre 2024.
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