Vers la fin de l'étiage ? Encore faudra-t-il en tirer les leçons...

21 octobre 2022
Vers la fin de l'étiage ? Encore faudra-t-il en tirer les leçons...

La sécheresse 2022 est l’une des trois plus sévère depuis 19641 et la situation des ressources d’eau potable en fin d’été aura été extrêmement tendue. Mais les conditions climatiques semblent enfin être en train d’évoluer : la chute des feuilles des arbres font que l’évaporation par les plantes se réduit. La température diminue un peu et surtout les pluies commencent enfin a profiter à nos rivières. Alors la sécheresse est elle terminée ? Quelles leçons pouvons nous déjà en tirer ?

 

Rivières : vers la fin de l’étiage ?

Jusqu’à présent, les petites augmentation de niveau de nos cours d’eau suites aux pluies d’août et septembre s’étaient rapidement étiolées et ceux-ci revenaient rapidement à des niveaux très bas. Mais si les prévisions météorologiques se confirment, nous allons vers une remontée des niveaux des cours d’eau plus importante et pérenne et donc vers la fin de l’étiage de nos rivières.

 

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Source : banque hydro, DREAL Bretagne, mise en forme Eau et rivières de Bretagne, 18/10/22

 

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Source : banque hydro, DREAL Bretagne, mise en forme Eau et rivières de Bretagne, 18/10/22

 

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Source : banque hydro, DREAL Bretagne, mise en forme Eau et rivières de Bretagne, 18/10/22

 

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Source : banque hydro, DREAL Bretagne, mise en forme Eau et Rivières de Bretagne, 18/10/22

 

Quelle sécheresse ?

Chaque sécheresse est différente et sa gravité varie suivant les secteurs, même à l’échelle d’une région comme la Bretagne.

 

Que pouvons nous déjà retenir de celle-ci ?

  • En se basant, sur l’analyse de ces graphiques cette année aura été (après 1976) l’année dont l’étiage aura commencé le plus tôt.
  • L’étiage 2022 aura aussi duré longtemps (étiage le plus long pour l’Odet, le 2ème sur le Meu, le 3ème sur l’Evel et l’Arguenon).
  • Par contre en termes de faiblesse des débits, la comparaison est plus inégale (3 ou 4 eme année avec les niveaux les plus bas) selon les sites et l’indicateur utilisé. A relativiser toutefois, la qualité des suivis s’est beaucoup améliorée ces dernières années.

 

Cette année aura bien été une sécheresse historique même si 1976 reste encore à ce jour l’année la plus critique. Dernier point, rappelons aussi que 1976 avait été précédé d’une année 1975 qui était déjà sèche et donc des niveaux de nappes souterraines assez faibles. Que se passera il si nous subissons une deuxième année de sécheresse en 2023 ? Surtout qu’avec le réchauffement climatique, la précocité des étiages va s’accentuer, augmentant de fait la pression sur les milieux aquatiques quand il fait chaud.

 

Où en sommes nous sur nos ressources en eau potable ?

Conséquence positive de la remontée du niveau de nos cours d’eau, la situation dans les barrages s’est légèrement améliorée depuis début octobre. Mais plusieurs d’entre eux restaient proche de la rupture au 10 octobre : une douzaine de jours de réserve pour les carrières de Gourin (56), 25 jours pour la retenue de Kerné Uhel (22), et un peu plus pour les autres retenues de la région. Sachant que, pour gagner du temps face à ces faibles réserves, il a parfois été transféré de l’eau de ressources inhabituelles pour donner de la marge comme par exemple sur Kerné Uhel (200 000 m³ venant du Rocleu).

 

D’ailleurs, les dérogations de prélèvement pour l’eau potable en dessous du 1/10ème du module (niveau qui permet d’assurer un fonctionnement minimal des écosystèmes aquatiques) ont été reconduites. Si certaines collectivités ont fait en sorte de ne pas les mettre en œuvre trop régulièrement ces niveaux anormalement bas qui persistent depuis maintenant de longs mois ne sont pas sans conséquence sur les milieux aquatiques.

 

Le risque de défaillance pour les forages

 

Un autre point de préoccupation qui perdure localement est le risque de défaillance pour les forages, car si la remontée du niveau des cours d’eau semble s’enclencher celle des eaux souterraines n’est pas pour demain2. La substitution par des eaux de surface en cas de moindre production ou d’arrêt entraînant des augmentation de consommation sur le réseau d’eau potable qui reste encore très fragile. Ainsi en Côtes d’Armor au mois de septembre les gestionnaires d’eau potable ont du gérer une augmentation de la consommation de 14 000 m³ par jour en raison de l’assec de nombreux forages privés.

 

Nous sommes satisfaits que, depuis début septembre, la sensibilisation du public et des acteurs économiques ait enfin été généralisée et produise les mêmes résultats qui avaient été constatés en Ille et Vilaine, soit une baisse est de l’ordre de 15 %. Mais sur les territoires où la communication a été tardive ce retard a accentué la pression sur la ressource.

 

Alors quelles leçons tirer de cette sécheresse ?

Il n’a pas encore été tiré de bilan de la sécheresse mais l’on entend déjà de nombreux acteurs parler de ressources « nouvelles » à mobiliser ou à stocker. Il est pourtant indispensable de tirer les leçons de la gestion de cette sécheresse avant toute chose.

 

  • Parmi les nombreuses questions qui devront être mises au débat par les préfets, il faudra notamment évoquer cette interrogation :  pourquoi la consommation des industriels et des particuliers est-elle repartie à la hausse depuis 2015 ?
  • Quel a été l’effet spécifique des épisodes caniculaires ? Quel aura été l’impact des mesures de restriction ? Les différents niveaux de communication ont-ils eux des impacts ? Les économies ont-elles été différentes suivant les usagers (économiques, tourisme..) ?
  • Quel est l’importance du report des consommations depuis les forages particuliers (date, volumes) vers le réseau public lorsque ces ressources ont vu leur productivité baisser(industrie, gros élevages..) ?
  • Quels ont été les conséquences sur les milieux aquatiques ?

Les réponses à ces questions sont essentielles pour fonder une gestion plus précautionneuse de la fourniture d’eau potable qui exerce d’ores et déjà une pression excessive sur les milieux aquatiques.

 

Nous sommes d’ailleurs d’ores-et-déjà dubitatifs sur la réponse à la question traitant des effets des dérogations sur ces milieux car si les arrêtés prescrivent quelques suivis de la chimie des eaux ils de prévoient aucune évaluation des effets sur la faune et la flore (compartiments biologiques). Il est plus simple d’ignorer que d’avoir a expliquer notre responsabilité quand aux dégâts que nous causons au milieu naturel. Nous avions pourtant dénoncé, dès leur rédaction, les nombreuses lacunes de ces arrêtés encadrant la gestion de la sécheresse (absence d’évaluation environnementale, inadaptation des seuils et des sites de référence...) nous constatons que nos alertes se sont révélé exactes et les décisions ont plus été prises en fonction d’impératifs politiques que d’une analyse de l’état de la ressource.

 

La tension sur le système de production d’eau potable a été très forte et celle sur les milieux aquatiques encore plus. Il faut maintenant que nous prenions les décisions courageuses qui s’imposent.

 

Aller plus loin | Notre dossier sécheresse 2022

 

1 date a partie de laquelle les données hydrologiques se développent en Bretagne

2 Pour un retour vers la « normale », il faudra d’abord saturer les sols, soit un cumul de pluies de l’ordre de 100 à 120 mm donc pas avant décembre sauf mois de novembre très arrosé.

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