Vers une nouvelle sécheresse en 2023 ?

01 mars 2023
Vers une nouvelle sécheresse en 2023 ?

Depuis plusieurs jours, il est évoqué une possible sécheresse précoce et sévère pour cet été. Mais qu’en est-il pour la Bretagne ? Au 1er mars, le pire n’est jamais sûr, même si, déjà rivières et nappes sont à des niveaux plus bas que la normale. La situation au 10 avril sera éclairante. Mais pour Eau & Rivières il ne faut pas attendre pour prendre des mesures de sobriété d’usage.

 

Sécheresse, de quoi parle-t-on ? Pluie, sol, nappes ou rivières ?

Le terme sécheresse recouvre des notions distinctes : déficit de pluie sur une période longue, sols à très faible réserve en eau, rivières avec un très faible débit et des « têtes de bassin-versant » à sec. Et cela se joue avec un quatrième partenaire, les nappes souterraines. Tour d’horizon de chaque situation.

 

  • Pour la pluviométrie : Les pluies d’automne sont arrivées tardivement en 2022, d’abord sur l’ouest, puis enfin en Ille-et-Vilaine. Elles se sont suivies par des crues significatives pour le Nouvel An, mais depuis le 20 janvier, régime sec, ou presque. Les tendances sur la pluie à trois mois restent peu précises. Pour cet été, c’est l’inconnu. Toutefois, la Bretagne n’est pour l’instant pas la plus mal lotie des régions françaises.

 

  • Concernant les eaux souterraines : Elles ont réagi à ces pluies mais plus à l’ouest de la Bretagne qu’à l’est. Si les niveaux atteints ont été rassurants, ils ont déjà commencé à baisser, et rapidement, depuis le 20 janvier. Au 1er mars, ils sont bien bas en comparaison des années passées et en baisse. Or l’eau souterraine représente la majorité du débit des cours d'eau en période estivale et ce d’autant plus s’il pleut peu durant l’été. Une amélioration reste encore possible si la pluie à venir est supérieure à l’évaporation par les plantes. Ce scénario peut encore se produire jusqu’au 15 avril, il est peu probable au-delà.

 

  • Les sols ? Ils ont un niveau de réserve en eau égal à celui de mi-avril ! Donc en avance de six semaines. Le réchauffement climatique nous fait là un cadeau bien désagréable. S’il pleut dans les semaines qui viennent, l’eau servira d’abord à reconstituer le stock des sols. Et donc une infiltration vers les eaux souterraines exigera un printemps d’autant plus maussade.

 

  • Et les rivières ? Basses pour un 1er mars, sans que cela soit encore exceptionnel. Statistiquement, on observe une valeur plus basse environ une année sur cinq, parfois une année sur dix (Couesnon, Douffine). Le débit observé en ce moment est le débit moyen d’un mois de mai. La baisse est régulière et, compte tenu des prévisions météo à dix jours, elle devrait se poursuivre les 10 prochains jours. Si les petits passage pluvieux de fin février ont par exemple fait remonter le Meu ou le Semon (35), cela se termine déjà.

 

"Ce n’est pas très bien parti. Si les retenues sont pleines en Finistère et Côtes d'Armor, la situation n’est pas aussi satisfaisante sur la haute Vilaine" Nicolas Forray, hydrologue membre d'Eau & Rivières de Bretagne

 

 

Deux années sèches successives, cela s’est déjà vu ?

Oui, à plusieurs reprises. Nous avons connu 1947/48, mais il n’y avait pas de mesure des débits, puis 1975 et 1976 et ensuite 1989 et 1990. L’histoire nous rappelle donc que deux années sèches successives se sont déjà produites. Peu de personnes s’en souviennent, mais à chaque fois la seconde année avait été très complexe à gérer. Donc une année 2023 sèche n’est ni une fatalité ni une hypothèse sans point de comparaison.

 

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Source : banque hydro, DREAL Bretagne, traitement Eau et Rivières de Bretagne

 

Une crue comme cet hiver ne peut-elle rétablir l’équilibre après une année sèche ?

Non pour l’effet des crues d’hiver quand on observe ce qui s’est passé en 1990.

 

Sans attendre la prochaine crise, changeons notre rapport à l’eau

Si la situation peut encore s’améliorer d’ici le 10 avril notre association alerte les autorités sur le bilan de la sécheresse 2022. Celui-ci, toujours en cours souligne les faiblesses du dispositif et l’insuffisance des mesures prises : stations inégalement pertinentes, seuils pas toujours bien calibrés, pas de prise en compte de la précocité de la sécheresse (hors 35), des mesures parfois insuffisantes et une communication très largement perfectible.

 

Nous attendons encore les bilans sur l’ampleur exacte des baisses de consommation observées et l’efficacité des mesures prises, toujours inconnues à quelques exceptions près. Nous aimerions aussi, à titre symbolique, connaître le nombre de piscines privées construites en 2022. Un sujet pour les collectivités chargées de l’urbanisme ?

 

Nous essayons de contribuer à une remise à plat judicieuse de ces arrêtés auprès de la préfecture . Serons-nous entendus ? Pour l'association c’est par la mise en œuvre d'un panel de solutions s'appuyant tout à la fois sur les services écosystémiques de nos paysages, la sobriété des usages et la protection de la qualité de l’eau que les conflits autour de l’eau pourront être évités. C'est aussi par ces mesures que nous serons en capacité de ne pas sacrifier les milieux aquatiques pour nos seuls besoins, au risque d’ailleurs de découvrir qu’ils nous rendaient gratuitement des services bien réels, mais gratuits et non directement visibles.

 

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